Le différend entre la Russie et le Belarus, sur la nouvelle taxe que ce dernier a instaurée quant au pétrole russe qui transite par ses oléoducs, a pris une proportion alarmante en Europe. Malgré les stocks existants, les pays européens ont commencé à réagir sérieusement pour remettre en cause la fiabilité de la Russie en matière d'approvisionnement pétrolier. La Commission européenne, par la voix de son porte-parole, a déclaré qu'« il est inacceptable que les fournisseurs énergétiques et les pays de transit n'informent pas leurs homologues d'une interruption des livraisons ». « Nous demandons à ce que les fournitures reprennent immédiatement et à ce que de tels incidents ne se reproduisent pas à l'avenir », a-t-il ajouté. Pour sa part, la chancelière allemande Angela Merkel, dont le pays préside l'Union européenne actuellement, a estimé qu'il n'était pas acceptable qu'il n' y ait pas de consultations dans un tel cas et que cela ne fait que détruire la confiance. Les mêmes propos ont été tenus par le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso. La Russie a reconnu, hier, avoir interrompu ses livraisons de pétrole via le Belarus. Le ministre russe de l'Energie, Victor Khristenko, a déclaré hier après-midi, lors d'une conférence de presse, que depuis le 8 janvier au matin, la Russie ne livre plus de pétrole par l'oléoduc qui passe par le Belarus. Cette confirmation est venue après que l'Union européenne ait indiqué qu'elle était en train d'enquêter sur l'origine de la fermeture des robinets. Le pétrole russe, qui transite par l'oléoduc Droujba situé en territoire biélorusse, représente environ 12,5% de la consommation européenne. La crise est moins ressentie actuellement à cause de la présence de stocks stratégiques importants dans les pays importateurs. La crise a aussi fait réagir le président russe Vladimir Poutine. Il a appelé son gouvernement à « continuer les négociations avec nos partenaires biélorusses pour résoudre la crise liée aux livraisons de pétrole au Belarus et au transit de pétrole à travers le territoire biélorusse ». Essayant de tranquilliser l'Europe, Poutine a déclaré qu'« il est indispensable de tout faire pour garantir les intérêts des consommateurs occidentaux ». Les négociations entre les deux pays ont repris, hier, à Moscou entre les deux gouvernements. Toutefois et selon une source russe, elles ne pourraient pas avancer si le Belarus n'annulait pas la taxe qu'il a instaurée au début de l'année. Pour rappel, le Belarus a décidé d'instituer, à partir de l'année 2007, une taxe de 45 dollars pour chaque tonne de pétrole qui transite par son territoire. La compagnie pétrolière russe Transneft avait fait savoir avant-hier que depuis samedi (6 janvier), le Belarus a, de façon unilatérale et sans prévenir, commencé à prélever illégalement du pétrole à partir de l'oléoduc Droujba qui est le seul à faire transiter du pétrole vers les consommateurs d'Europe occidentale. Selon Transneft, près de 80 000 tonnes de pétrole ont été prélevées depuis samedi. Le Belarus a indiqué qu'il comptait engager des poursuites judiciaires contre la compagnie russe Transneft pour le non-paiement de cette taxe. En fait, après avoir cédé dans la crise du gaz, le Belarus veut récupérer les pertes qu'il a subies. Si l'on se réfère aux déclarations du président russe, qui a envisagé une baisse de la production du pétrole russe à cause des problèmes de transit avec le Belarus, le différend n'est pas prêt d'être réglé, du moins pas dans l'immédiat..