La visite effectuée, jeudi dernier, par le wali dans la partie ouest de la wilaya de Tipaza aura permis aux habitants du douar Sidi Benali, qui se situe à 16,5 km au sud de la localité de Gouraya, d'exposer de vive voix leurs préoccupations, avant de lui remettre leurs lettres. Les citoyens, venus en grand nombre des habitations éparses implantées dans cette région montagneuse, de surcroît enclavée, se sont regroupés au niveau d'un espace de l'unique mosquée érigée par leurs soins, pour discuter avec le chef de l'exécutif de la wilaya qui avait volontairement marqué une halte pour aller à leur rencontre. Le douar Benali compte 550 habitants. Cette zone, qui avait fait l'objet de multiples attaques terroristes, est mitoyenne avec les massifs forestiers de la wilaya de Aïn Defla infestés par les hordes criminelles. « Nous vous souhaitons la bienvenue chez nous Monsieur le wali », déclare un des représentants de cette marée humaine qui s'inquiète de son avenir. « Nous n'avons jamais eu l'honneur de recevoir un haut responsable depuis les années 1960 dans notre région, qui a été oubliée par les autorités locales », dit-il. « Nous devons vous relater notre inquiétude. Depuis le départ des militaires, nous ne nous sentons plus en sécurité, nous dormons très peu, nous craignons les attaques des terroristes. Nous n'avons pas voulu quitter nos maisons. Nous souhaitons obtenir des armes ou renforcer la présence des éléments des services de sécurité. Nos filles et nos garçons parcourent chaque jour 14 à 17 km pour rejoindre leur école. Il n'y a pas de transport. En l'absence de véhicules, les personnes malades ont du mal à aller à Gouraya pour se rendre chez le médecin et acheter les médicaments. Pour emmener nos femmes pour accoucher ou nos bébés pour la vaccination, nous vous laissons le soin d'imaginer le calvaire. Lorsqu'il pleut, nous sommes coupés du monde. Il fallait voir Monsieur le wali, la qualité du goudron. Avec nos mains, on enlevait la couche de bitume. Nous n'avons pas d'eau. Nous aimerions bien bénéficier de l'habitat rural. Nous sommes très pauvres. Regardez les maisons dans lesquelles nous vivons. Nos jeunes enfants n'ont rien dans ce douar, ni lieu de rencontre ni possibilité pour rester travailler ici. Enfin Monsieur le wali, nous vous demandons de construire un logement de fonction pour notre imam afin qu'il reste avec nous. Le logement sera érigé ici à côté de la mosquée, afin de nous apprendre notre religion. Voilà monsieur le wali ce que nous souhaitons dans ce douar de Benali. » Personne n'est restée insensible aux nombreux de problèmes exprimés par les citoyens. Le chef de l'exécutif a tenu à répondre à certaines questions, mais avait chargé le chef de daïra de recevoir un vieil homme âgé de près de 80 ans afin que ce dernier puisse se désister, par écrit, d'un terrain, et bénéficier en contre-partie d'un logement à Gouraya. Le terrain cédé devra servir pour la construction d'un siège d'un détachement de la garde communale dans un poste avancé. La garde communale occupe actuellement un centre de santé. Les citoyens de ce douar avaient, par la suite, attiré l'attention du wali sur la situation des habitants d'un autre douar situé en aval derrière une colline, sa situation est encore plus catastrophique. Ils sont isolés. L'accès est inaccessible. Il s'agit du douar d'Iachouriane qui est habité par 450 citoyens. Ils n'ont rien, sauf l'oxygène pour respirer. Dans ces deux douars qui sont perchés sur les hauteurs lointaines de la localité côtière de Gouraya, des familles algériennes continuent à vivre le calvaire. Les paysages paradisiaques ne suffisent plus pour atténuer le stress de cette population rurale. Ils espèrent bénéficier d'équipements publics, à l'instar des autres agglomérations rurales autrefois enclavées avant la visite du chef de l'exécutif de wilaya mais qui commencent à sortir de l'isolement depuis le début de l'année 2005, justement suite aux visites de travail dans ces zones reculées. Les énormes potentialités naturelles (forêts, agriculture) peuvent être exploitées, si les conditions et les commodités existent.