Les prochaines élections législatives ont cette particularité d'intervenir dans un contexte politique où la plupart des partis parmi lesquels des formations en vue sur la scène nationale sont secoués par de profondes crises internes. Le FLN avait connu la même situation de contestation lors de la dernière élection présidentielle où les « redresseurs » emmenés par le secrétaire général actuel du parti et chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, s'étaient lancés à l'assaut des commandes du parti avec la bienveillance de la justice qui avait donné une couverture légale aux changements organiques intervenus dans les structures internes du parti. La contagion de la fronde a depuis gagné presque tous les partis : le FFS, le RCD et le mouvement Ennahda où la crise à atteint un point de non retour avec l'éviction de Djaballah de la tête du parti et l'intronisation d'une nouvelle direction politique à la tête de ce parti. A ces partis au sein desquels la crise est largement consommée s'ajoutent toutes les autres formations où la sérénité est également loin d'être de mise. Cela, même si la contestation est contenue dans le cadre organique de ces partis et n'est pas portée sur la place publique. Le RND avait eu également ses redresseurs il y a quelques mois. Un vent de contestation vite étouffé dans l'œuf avait soufflé sur le parti. La presse s'était également fait, il y a peu, l'écho de turbulences dans les rangs du FNA ( Front national algérien) de Moussa Touati ; turbulences qui ne semblent pas avoir altéré le voyage de son secrétaire général qui continue son bonhomme de chemin en réussissant l'énigmatique pari de s'attirer les faveurs de l'ENTV. Ce parti à peine naissant occupe une bonne place dans la couverture de l'activité partisane au JT de 20h et se paie même le luxe d'être l'hôte d'une émission télévisée hebdomadaire très convoitée, diffusée en prime time. Le MSP a failli lui aussi être emporté par la tourmente avec les démêlés judiciaires de son président Bouguerra Soltani dans le cadre de l'affaire Khalifa. La discipline partisane a prévalu au sein de ce parti quant à la gestion de cette crise que le MSP n'attendait sans nul doute pas, compte tenu de sa proximité avec le pouvoir. Climat délétère Bouguerra Soltani a été sauvé miraculeusement du naufrage au moment où tous les observateurs étaient unanimes à parier sur des changements imminents et incontournables à la tête du parti pour préserver cette formation et éviter que le MSP n'ait à payer pour un agissement personnel de son président qui n'engage pas dans l'absolu cette formation. Ce climat général délétère qui caractérise la scène politique et partisane parasite déjà quelque part la tenue des prochaines élections législatives dans un contexte politique qui est loin d'être apaisé. Les retombées d'une telle situation sont doubles. Il y a d'abord la crainte des dérapages inhérents à tout mouvement de contestation qui viendrait à échapper au contrôle organique des partis. A cela s'ajoute le préjudice politique sur la crédibilité du scrutin et la santé démocratique des partis et partant du pays découlant d'une carte politique aux contours imprécis et où la question de la légitimité des instances dirigeantes est posée avec acuité pour de nombreuses formations. Dans un tel contexte, les électeurs seront appelés à voter pour des candidats qui ne font même pas consensus au sein de leurs propres partis. Une situation qui risque de faire le lit de l'abstentionnisme et de déboucher sur une assemblée nationale amputée du point de vue de la compétence, voire de la légitimité qui est posée à la source déjà, au niveau du choix des candidatures. C'est devenu presque une maladie pathologique chez nous : à la veille de chaque rendez-vous électoral, les partis politiques sont sujet à un accès de fièvre qui est traitée avec le même remède qui consiste à étouffer dans l'œuf la contestation avec des méthodes peu démocratiques pour ne pas dire antidémocratiques. A défaut de tout mettre sur la table et d'affronter courageusement le débat somme toute naturel et légitime qui interpelle les partis lesquels font encore leur apprentissage de la vie politique et de la démocratie, on s'investit dans les solutions de replâtrage, on joue imperturbablement au pompier. Avec ce sentiment à chaque fois d'avoir vaincu le feu tout en ignorant que le départ du feu peut se déclarer à tout moment, car les ingrédients de la crise sont encore là. Ce mal récurrent qui ronge les partis est-il l'expression de contradictions internes, de débats différés, étouffés et d'appétits de pouvoir que les élites des partis politiques ne parviennent pas à gérer et à digérer faute d'une culture politique fondée sur le principe sacro-saint de l'alternance au pouvoir ? Ou bien alors existe-t-il une main invisible qui tente à chaque rendez-vous électoral de reconfigurer le spectre politique en intervenant dans les orientations politiques et les composantes humaines des partis les plus influents sur la scène nationale ?