Il faisait très froid à Montréal vendredi dernier (-30 degrés). La tempête de neige de l'année venait juste de passer. Pas autant à l'intérieur de la salle Medley. Et pour cause : Houari Dauphin et cheb Khalass se produisaient pour la première fois à Montréal. Le Medley peut contenir dans sa version « assise » 1000 places–1800 debout. Montréal : De notre burau Cela n'a pas semblé faire peur à l'organisateur Saïd Chohra, un fin connaisseur des goûts actuels des Montréalais d'origine algérienne. Il est d'ailleurs derrière la venue de cheba Kheira, Djelloul et Abbas en novembre dernier. La scène était couverte de deux larges drapeaux algériens et d'un autre canadien. Pour ménager les susceptibilités québécoises, des fleurdelisés (le drapeau de la belle Province) ont été mis à la disposition de présents composés en majorité de jeunes nés ou qui ont grandi ici. L'ambiance était à la fête. Et comme c'est le cas toujours, le mérite des premiers pas de danse est revenu à la gent féminine. Une audace qui a libéré les présents qui ne sont pas arrêtés jusqu'à la dernière note de musique. Une musique servie d'une main de maître par Amine Dahane, le pianiste attitré de Houari Dauphin. Celui-ci, avec quatre synthétiseurs, s'en est bien sorti « en s'aidant de technologie ». Il est à son deuxième séjour à Montréal. Le premier fut avec Zahouania en 2005. Les deux chanteurs ont puisé dans leurs derniers albums. Se relayant sur scène, avant de finir la soirée en duo. Chose qui ne leur est pas étrangère, puisqu'en janvier dernier, ils se sont produits avec d'autres artistes au Zénith de Paris. Khalass, une vraie bête de scène, a entraîné le public avec son rythme staïfi. Il a été surpris par la réaction du public qui reprenait ses chansons. Il était évident qu'il s'amusait sur scène. Il fallait l'intervention discrète de son manager, Omar Kaoaua, pour lui rappeler, à distance, qu'il doit céder la scène à Houari Dauphin ! L'enfant de Constantine aime son public et celui-ci le lui a bien rendu, particulièrement quand il a repris son dernier succès Rassmali passeport khdar ma netahgar (mon capital est un passeport vert, je suis Algérien et je ne me laisse pas faire). Il a repris aussi le succès de Azzedine Chelfi Kouarti Ma ouedjdouche (mes papiers ne sont pas prêts), un clin d'œil aux sans-papiers, bien qu'ils ne soient pas nombreux ici. Khalass devrait se produire à Montélimar et Paris avant de rentrer en Algérie. Houari Dauphin a, comme le démontrent ses succès, touché les cœurs amoureux. Il a entamé son tour de chant par Hemm eddenia, Je t'écris d'un cœur brisé et Dour el wahrane et Hna les Algériens wine nrouhou naîchou bien ou la reprise de la chanson de Naïma, El Achk kouani, entre autres. Le supporter des Hamraoua a été, lui aussi, surpris, quand le public a repris avec lui Mammamia, un succès qui remonte à 1997. A croire que le public débarquait d'Algérie. Houari Dauphin doit se produire prochainement à Dubaï et rentrer en studio pour l'enregistrement d'un album. Comme à l'accoutumée, ce genre d'événements garde quelques surprises pour le journaliste. Dans le public se trouvait Mohammed Aziz. Un nom qui ne dit peut-être rien. Et pourtant, c'est lui l'artiste qui a réalisé, entre autres, les pictogrammes des 3es Jeux africains qui ont eu lieu en Algérie en 1978. Il s'est installé à Montréal depuis. Armé de son appareil photo professionnel, il a eu l'amabilité de réaliser les photos qui accompagnent cet article. Houari Dauphin et Khalass affirment qu'ils reviendront à Montréal si l'organisateur les sollicite et semblent satisfaits de celui qui les a ramenés. Ce n'est pas le cas de tous les chanteurs algériens qui se sont produits ces dernières années à Montréal. Certains se sont plaints du comportement méprisant de quelques organisateurs qui les ont arnaqués. Espérons que Saïd Chohra fera des émules. D'ailleurs, on croit savoir à Montréal que les artistes comptent dénoncer les mafieux du milieu dans un futur proche. L'organisateur promet au public montréalais, pour les prochaines semaines, d'inviter cheb Abdou et d'autres chanteurs. Il affirme, enthousiaste, qu'avec l'ouverture de la ligne aérienne Alger-Montréal, il pourra faire beaucoup de surprises au public. Cela explique pourquoi il a mis sur les affiches le logo d'Air Algérie, sans que la compagnie nationale ne soit un sponsor de l'évènement. « C'est pour la bonne cause », affirme-t-il.