Les eaux de Oued El Harrach ont largement contribué aux inondations survenues le 8 mars, dans les 3 Caves, Boumati et Semar (Ramli). Mais comment expliquer cette « contribution » ? Les citoyens qui ont vécu cette « remontée des eaux » avancent trois hypothèses en guise d'explication : l'importance de la pluviométrie, le rétrécissement du lit de l'oued suite aux travaux d'aménagement qui y ont été engagés et le refoulement des eaux depuis la mer, eu égard aux grandes vagues provoquées par le vent qui a suivi les importantes chutes de pluie. Ces explications sont-elles plausibles ? Seulement, en partie, selon les services compétents. M. Hadjidj, chef de service assainissement à la direction de l'hydraulique explique : « Techniquement, il y a eu refoulement des eaux et non pas débordement de l'oued. C'est d'ailleurs la première fois que Oued El Harrach n'a pas débordé. » Cette remontée a été vite qualifiée de « débordement » par la Protection civile, la seule, il est vrai, qui a fait un communiqué, dès le vendredi 11 mars, sur la survenue des inondations. Dans le cas des 3 Caves, la boue, affirme M. Hadjidj, est ressortie par les regards, les caves et les toilettes, à travers le réseau d'assainissement qui finit dans le fameux oued. La direction de l'hydraulique, apprend-on, a engagé quatre entreprises, en plus des organismes de wilaya, afin de nettoyer ce lotissement inondé de vase. A Boumati, c'est un autre incident : le refoulement a été accentué par la présence d'un petit pont qui a retenu les crues. Ici, la base de vie de Net-com et la station de transport urbain ont été inondés. Le refoulement s'explique, selon M. Hadjidj, par le concours de deux phénomènes, à savoir l'importance de la pluviométrie et la nature de la zone de l'ex-Maison Carrée. Oued El Harrach, s'étalant sur une longueur comprise entre 50 et 60 km, prend naissance dans le massif de Bouzegza (Blida), traverse la Mitidja et se jette dans la baie d'Alger, avec Oued Semar comme principal affluent. « Ce sont les importantes chutes de pluie enregistrées à Blida qui ont favorisé la remontée du niveau de l'oued, et non celles constatées à Alger », précise-t-il. Dans la ville des Roses, les circonstances sont autres que celles connues dans la capitale : Oued El Harrach a « débordé » dans la région de Tahamoult, commune de Hammam Melouane ; la RN 61 (entre Chebli et Sidi Moussa), sur les frontières Alger-Blida, a été provisoirement fermée à la circulation automobile en raison des dommages subis par le vieux pont enjambant le même oued. Durant la journée du 8 mars, ce principal cours d'eau du bassin versant centre de la capitale a connu un débit de 1800 m3/seconde. Ainsi, il y a eu « débordement » à Blida et « refoulement » à Alger. La zone d'El Harrach, par ailleurs, est la région la plus basse dans la capitale (18 m environ). Cela ne justifie pas, selon le chef de service assainissement de la direction de l'Hydraulique, « un retour des eaux depuis la mer ». Les 3-Caves sont une zone inondable, donc non urbanisable en principe. « Dans cette zone, il existe des crevasses dont le niveau se situe en dessous du lit de l'oued », affirme M. Hadjidj. Cette « particularité » justifierait la remontée des eaux jusqu'à 1,80 m dans les maisons environnantes. A en croire ce responsable, les supputations tendant à faire croire que les inondations ont été causées par le rétrécissement du lit de l'oued ne sont pas fondées. « Il y a eu élargissement, au contraire. L'embouchure (entrée de l'oued dans la mer) a été étendue de 160 m », soutient-il.