Près de 4 millions de personnes, 6% de la population française, vivent en situation de précarité. Les associations tirent la sonnette d'alarme face à l'ampleur de ce phénomène à l'occasion de la Journée mondiale du refus de la misère. Centres d'accueil et d'hébergement débordés, surendettement des ménages, expulsions, tous les indicateurs sont au rouge. La pauvreté a gagné du terrain en France. Près de quatre millions de personnes, soit 6% de la population française et 8% des enfants, vivent en situation de précarité. L'Observatoire national de l'exclusion sociale prévoit une augmentation de la précarité. Après avoir diminué d'un demi-million entre 1998 et 2001, le nombre de personnes pauvres est probablement reparti à la hausse depuis deux ans. Les premières victimes sont les jeunes de moins de 25 ans, les étrangers en situation irrégulière et les enfants des émigrés. Le nombre de RMIstes (Revenu minimum d'insertion, 417,88 euros mensuels pour une personne seule) explose : + 10,5% en un an, 1 200 000 personnes. La société est inquiète, plus d'un Français sur deux redoute l'exclusion. Le chômage, principale raison de pauvreté, repart à la hausse, près de 10%. Et la précarité de l'emploi nourrit aussi l'exclusion. Les contrats à durée déterminée et les temps partiels concernent plus d'un million de travailleurs pauvres avec à peine 420 euros par mois. Manque de mesures Le durcissement des conditions d'indemnisation des demandeurs d'emploi et la disparition programmée des emplois-jeunes vont encore assombrir plus le tableau. Le chômage des 16 à 24 ans dans les quartiers sensibles est passé de 28 à 50%, note le ministère de la Cohésion sociale. Les étrangers, en situation régulière ou pas, représentent 85% des 20 000 patients reçus dans les centres de Médecins du monde en 2003. « La pauvreté des enfants concerne très fortement les familles issues de l'immigration », diagnostique CERC (Conseil de l'emploi des revenus et de la cohésion sociale). L'immense majorité d'entre eux (91 %) n'a pas d'autorisation de travail et ne perçoit aucune ressource. Ces chiffres catastrophiques tombent au plus mal pour le gouvernement qui tente depuis quelques mois, après ses revers électoraux, de donner une touche sociale à son action. Le plan cohésion sociale tarde à se mettre en place et ne bénéficie toujours pas de financement. La timide reprise de la croissance n'aura pas d'impact réel sur la lutte contre l'exclusion.