Tout le monde se plaint de la flambée des prix et tout le monde achète, c'est l'impression générale qui se dégage des marchés de Chlef en ce début de Ramadhan. Effectivement, excepté le kilo de pommes de terre qui s'est maintenu à 30 DA, les autres produits agricoles ont tous vu leur prix doubler, voire tripler, en l'espace de quelques jours. A titre d'exemple, la salade est écoulée à 50 DA le kilo, le citron à 75, la tomate à 40 et la courgette à 50 DA. Il en est de même pour les viandes rouges et blanches devenues inaccessibles aux bourses moyennes en raison de leur prix excessivement élevé. Un kilo d'ovin se vend à 800 DA, alors que celui du poulet dépasse allègrement les 260 DA. En attendant l'arrivée de la viande importée à l'occasion du Ramadhan, les citoyens se rabattent sur la viande congelée qui est déjà disponible sur le marché depuis plusieurs années. Celle-ci est fixée à 460 DA pour l'ovine et 350 DA la bovine. Dans la plupart des cas, les consommateurs n'ont pas d'autre choix que de se plier au diktat des commerçants qui se plaignent, à leur tour, de l'augmentation des prix de gros. Comment interpréter ce phénomène au moment où les pouvoirs publics, à leur tête le ministère de l'Agriculture, affichent des « résultats probants » concernant la mise en œuvre du plan national de développement agricole pour lequel l'Etat a consenti d'énormes moyens financiers ? Il est anormal que les sommes colossales octroyées aux fellahs au titre du soutien à l'investissement agricole puissent déboucher sur une telle situation, en particulier dans cette région à vocation essentiellement agricole où plus d'une trentaine de chambres froides ont vu le jour. Autre exemple de l'anarchie qui règne, la pénurie d'huile alimentaire qui a totalement disparu des étals à quelques jours du début du mois sacré. Le principal producteur de cette matière, en l'occurrence Cevital, a beau dire qu'il a baissé les prix et renforcé ses capacités de production, son produit demeure introuvable dans les commerces. Au nom du libre commerce et de l'économie de marché, l'Etat laisse faire et semble encourager par cette démarche les spéculateurs de tout bord.