On prend les mêmes mécanismes et on recommence : les élections législatives du 17 mai 2007 seront surveillées par une commission indépendante que le gouvernement aura la liberté d'installer, de financer et de doter en logistique. Même si par le passé les fameuses Cnisel ont prouvé leur inefficacité à garantir une réelle transparence des scrutins, on écrase le bon sens et on reconduit l'expérience dans l'opacité parfaite. La composante de la Cnisel sera annoncée par le gouvernement - qui à chaque fois se réserve tous les droits - sans que l'opinion nationale sache sur quelle base les membres de la commission sont sélectionnés. Les représentants des ONG autonomes n'ont aucune place dans cette structure qui ressemble à un cercle fermé où l'administratif domine tout. D'où le doute - toujours le même - sur « l'indépendance » de la Cnisel et sur le risque qu'elle devienne un simple instrument. Jusque-là, les partis engagés dans la course électorale n'abordent le risque de fraude qu'à demi-mot. Ils n'ont fait appel ni à la présence d'observateurs étrangers ni à la présentation par le gouvernement de garanties valables contre la manipulation des urnes. Personne n'a soulevé le problème que le président de la commission technique de préparation des élections est le chef du gouvernement et, en même temps, secrétaire général du FLN. Cela aurait pu passer tant il est vrai que dans le surréalisme du système politique algérien, l'anormal est adopté comme attitude positive. Mais là où il y a maldonne, c'est quand Abdelaziz Belkhadem prédise que son parti va faire « un raz de marée » lors du prochain scrutin. Cela suffit pour faire émerger un doute lourd sur la régularité et la sérénité de la préparation de l'opération électorale. Existe-t-il une volonté de mettre l'appareil de l'Etat au service exclusif du FLN ? Pour l'instant, il n'y a pas une autre lecture. A moins de mélanger plâtre et farine sans s'empoisonner. Le FLN, qui s'est distingué par la mise d'autorité de noms de ministres à la tête des listes de candidatures pour les législatives avec l'idée légère que les membres du gouvernement étaient « populaires », prétend être la première force politique et entend le rester. Ahmed Ouyahia, ex-chef de gouvernement, estime, lui, que le RND « sera » la deuxième force politique du pays. Pourquoi pas « la première » ou « la troisième » ? Mystère. Boudjerra Soltani du MSP jure par tous les saints que son mouvement aura 30% des sièges. Si les boules de cristal ne servent pas à grand-chose en politique, il demeure que les tons assurants de Belkhadem, Ouyahia et Soltani, qui défendent les couleurs de « l'Alliance » présidentielle, ont de quoi jeter le trouble sur la future consultation. Ils donnent l'impression que les jeux sont déjà faits et que des « quotas » ont été déjà définis pour l'APN. Le vote ne sera alors qu'une simple formalité. Sauf si ce « tapage » vise, en fait, à camoufler d'autres enjeux politiques. Plus graves ceux-là. Et moins apparents.