A l'allure où va la campagne électorale, l'on est tenté de croire que l'enjeu est ailleurs que dans le ralliement des électeurs derrière un programme. Les partis en lice pour les législatives semblent faire dans le replâtrage de discours sans même avoir l'ambition de convaincre leur maigre auditoire. Cela s'apparente à un « allez voter et puis c'est tout » sans punch, ni mordant. Mais le citoyen leur rend bien ce manque d'ardeur. Contrairement à l'intérêt porté sur les débats d'idées qui ont façonné la campagne présidentielle française, les législatives du 17 mai sont quasi absentes des discussions entre Algériens. Même du côté des « ténors » des partis de l'Alliance présidentielle, le ton est plus à l'invective qu'à la présentation de programmes et de solutions concrètes aux maux sociaux et économiques qui rongent le quotidien des citoyens. Le secrétaire général du FLN et celui du RND semblent distiller à travers leurs discours des signes de rupture entre les visions des deux partis membres de l'Alliance présidentielle. Le premier, qui était sûr de rafler la majorité des voix, menace aujourd'hui de « rendre son tablier » si son parti ne sort pas victorieux de la course aux législatives. Il ne cesse par ailleurs de parler de la révision de la Constitution, tantôt différée et tantôt réduite à un simple décret présidentiel. Belkhadem fait preuve en somme d'un manque de constance dans ses propositions. Le second leader, Ouyahia en l'occurrence, semble se décharger du bilan du gouvernement en proposant une série de mesures contradictoires avec le programme du président, que pourtant des ministres de son parti contribuent à mettre en œuvre. Est-ce une manière d'échapper à la critique et de ne pas être comptable de ce qui a été fait ? Le chef du RND revient même à ses premiers discours d'éradicateur. Même s'il se dit toujours attaché au projet de réconciliation nationale, ce retour au discours éradicateur, à l'heure où Belkhadem affirme son attachement indéfectible à la réconciliation, renseigne sur une rupture dont les enjeux semblent être ailleurs que dans l'élection législative.