Au 1er janvier 2007, la direction du logement de la wilaya a enregistré 193 000 demandes déposées au niveau des 57 Apc. Une moyenne de 5000 requêtes est recensée chaque année. Depuis fin 2004, il existe un programme de construction de 92 000 habitations tous types confondus. Ce plan, qui représente le cinquième du parc immobilier de la ville, devrait être concrétisé au courant de 2009. Dans trois ans, il restera environs 120 000 personnes encore sans demeure. Mohamed Smaïl, directeur du logement, n'épouse pas cette analyse. Elle n'est pas « objective », selon lui. « La demande brute n'exprime pas réellement les véritables besoins », affirme-t-il. Il s'explique : « Initialement, 220 000 demandes ont été déposées, dont 80 000 concernent le social locatif. Au premier filtrage, ce chiffre est tombé à 193 000 ». Ce qui est appelé « demande brute », c'est la requête enregistrée par les services des Apc. Elle est assimilée à un simple dépôt. Près de 30 000 dossiers sont ainsi rejetés suivant deux motifs : résidence hors wilaya et demandes « en double ». « C'est tout le monde qui veut habiter la capitale. On profite des proches qui y résident pour le dépôt de demande. Une fois l'enquête enclenchée, le postulant est incapable de justifier une résidence ou de présenter un certificat de scolarité de ses enfants quand ils existent », affirme M. Smaïl. Cela dans le cas où les brigades d'enquêtes arrivent à localiser le concerné. « Parfois, les enquêteurs se présentent à l'adresse indiquée, mais les résidents disent ignorer l'identité de la personne recherchée », relève-t-on. Explications : le document a été falsifié, ou est délivré avec la complicité des résidents. Le dénominateur commun, dans les deux cas, c'est cette « facilité » déconcertante dans l'obtention des certificats de résidence. Des dossiers en « double » ? C'est la formule consacrée, même si elle est impropre. « Les gens introduisent parfois jusqu'à cinq demandes dans différentes Apc. Le but étant d'avoir plus de chances d'accéder à un logement », indique M. Smaïl. Les autres formules n'échappent pas à cet esprit. Exemple : les 3000 appartements du Fonds national de péréquation (répartition) des œuvres sociales (FNPOS) sont convoités par… 80 000 prétendants (qu'on peut retrouver ailleurs). Raison pour laquelle les commissions qui étudient les dossiers sont encore à l'œuvre depuis 2006. Selon le directeur, les citoyens ignorent la réglementation et ne croient pas vraiment au contrôle. Une fois les réclamations dites « hors wilaya » et les « doubles » rejetées, les 193 000 dossiers restants subiront un deuxième filtrage. Il s'agit, dit M. Smaïl, de déterminer « ceux qui sont vraiment dans le besoin ». C'est-à-dire « un père qui vit sous le même toit avec sa famille, dont un ou plusieurs de ses fils sont mariés et ont des enfants ». Suivant les cas, les foyers concernés, au regard de ce « critère », peuvent comprendre entre 7 et 12 membres. Officiellement, c'est là qu'il y a « urgence » à attribuer un logis. En exploitant le fichier national du logement, « les enquêtes approfondies » permettront, par ailleurs, de faire ressortir ceux qui ont déjà une habitation, ou bénéficié d'aide financière à la construction ou d'un terrain à bâtir. Elles permettront aussi de repérer les demandeurs habitant les bidonvilles (officiellement 45 000 baraques, réparties sur 600 sites et renfermant une population de plus de 200 000 âmes, ont été recensées). Ceux-ci subiront un traitement particulier qui reste à définir. « Il nous a été donné de constater que des gens habitent des villas et introduisent des demandes dans le social », avance M. Smaïl. A première vue, pour ceux qui connaissent la capitale, on pense que c'est la commune de Bab El Oued (100 000 habitants ) qui en souffre le plus. Les statistiques disponibles indiquent, cependant, qu'Alger n'est pas atteinte dans son cœur, mais au flanc : Baraki. Avec un parc immobilier de 14 000 unités, cette Apc a recensé 12 000 requêtes (98%) de type social, près d'une revendication par ménage. A la direction de tutelle, cette donne n'a pas été analysée. M. Smaïl déclare que les autorités s'efforcent d'« atténuer » cette crise. « Il s'agit de rattraper un retard de 30 ans », appuie-t-il. Le but des pouvoir publics, précise-t-il, est de faire baisser le taux d'occupation par foyer à « 5, 55 en 2009, contre 6, 1 en 1966 ». En clair : « Un F3 de 66m2˜ pour un couple et trois enfants ». Cet objectif ne sera pas atteint sans l'achèvement des projets de construction déjà planifiés. Le programme des 92 000 unités sera-t-il achevé dans les délais impartis ? Le premier responsable de la direction y croit. Il en veut pour preuve « l'intérêt que portent les autorités au plan présidentiel de 1 million de logements ». Il cite également « l'intérêt particulier du wali qui suit personnellement le dossier ». Sur les 92 000 appartements à construire, 24 700 sont effectivement lancés à ce jour (le chiffre était de 23 064 en septembre 2006), soit un taux de 25%. Les 20 000 logements sociaux participatifs (LSP), relevant du même plan, ont été officiellement lancés le 8 avril dernier par le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme, Mohamed-Nadir Hamimid qui a fixé aux constructeurs un délai maximum de 24 mois. « 6000 sont lancés et les 14 000 restants le seront avant la fin de l'année », indique M. Smaïl. Mais des données ne plaident pas en faveur de ce « scénario idéal ». C'est que des projets de constructions lancés en 2000 sont toujours en cours. Les exemples chez l'AADL sont aussi nombreux.