Rachid Ben Malek écrit, dans son dernier ouvrage Sémiotique narrative ; « II est incontestable que la sémiotique a fait d'immenses progrès, grâce aux sciences humaines (..) ; la critique littéraire ne remplirait pas complètement ses tâches si elle ne tenait pas compte de ces progrès. ». Malgré ces progrès, le travail du critique est une confrontation double : avec le produit de la pensée et de l'imagination de l'écrivain qu'il étudie, avec ses intentions et leur exécution, d'une part, avec l'évolution des idées et des formes de la littérature qui se fait, d'autre part, dans des conditions économiques et sociales déterminées. Cette dépendance du critique s'aggrave du fait qu'il agit, en quelque sorte, sur le « canevas » de l'œuvre des autres. Dans son livre Sémiotique narrative, Rachid Ben Malek s'interroge sur l'avenir des études sémiotiques dans le monde arabe, tout en comparant ce qu'écrivent nos critiques avec ce qui se fait en Europe. II constate que la croyance au progrès illimité, dans tous les domaines, et plus particulièrement dans la pluralité de l'analyse littéraire, qui est le domaine spécifique du critique, fait chaque jour un peu plus partie de nous-mêmes. La compréhension des réalités plus ou moins sous-entendues qu'elle implique, des drames mouvementés qu'elle évoque, suppose un effort incessant d'analyse, une science du texte et du signifiant. Mais la notion de « texte » aussi scientifique qu'en soit la saisie, demande à être précisée, pour au moins certains de ses caractères qui requièrent une lecture sémiotique. Abordant les fables de Kalila et Dimna d'Abdallah Ibn El Mouquafaä, Rachid Ben malek écrit : « Une œuvre n'existe qu'autant que l'histoire l'institue comme un fait authentiquement artistique. Et sa vraie durée, ce n'est pas son origine qui la juge, mais la nature de son pouvoir dans la succession des temps. » Quand le critique analyse Fleurs d'amandes (roman) de Wacini Laredj, il trouve que le langage n'est pas un ensemble de signes inertes, mais qu'il est porteur d'une charge à la fois idéologique, historique, culturelle, qu'il est le lieu d'articulation de l'essentiel. Il clôt son livre avec un essai sur les Tempêtes de l'île aux oiseaux (roman) de Djilali Khellas, où l'essentiel, pour lui, prend des formes multiples, des tonalités qui retiennent et forcent l'attention. 1)-Docteur ès lettres, R.Ben Malek est, actuellement, directeur du C.R.S.T.D.L.A à l'université d'Alger. II parraine une importante collection de « cahiers » qui a déjà publié des essais de K.Ferrat, H.Salah etc… II est aussi directeur des revues Linguistiques et Recherches sémiotiques. 2)-Dar Medjdalaoui, Amman, Jordanie-2006.