Il faudra penser à des équipes de travail conjointes avec les médecins, les sénateurs, les juristes et les députés afin de faire bouger les choses dans le cadre du code de la déontologie, de l'euthanasie, de l'avortement, du don d'organe ainsi que de la bioéthique », s'exclamera un des participants à la Journée nationale de déontologie médicale organisée par le conseil régional de l'Ordre des médecins de Blida, sous les thèmes d'« Ethique médicale, déontologie médicale et droit médical », ce jeudi, au niveau de l'hôtel de la 1re région militaire de Blida. Pas moins de 18 interventions ont suscité des débats et des échanges où le sentiment, l'émotion et les précautions d'usage n'étaient pas absents. Les précautions avaient surtout trait aux questions de l'avortement, en faisant bien la différence entre l'avortement thérapeutique sauvant la mère ou le futur bébé qui allait naître avec des malformations graves. Les interventions des cheikhs Bouzidi et Abou Abdessalam ainsi que les précisions du professeur Aït Ouyahia ont éclairé les présents sur le plan religieux dans l'acte médical et montré la nécessité d'une adéquation, ou, du moins, le vide constaté dans la pratique quotidienne et le recours à des arbitrages qui, souvent, s'avèrent contradictoires. La délivrance d'un certificat de bonne santé mentale était l'autre enjeu d'une intervention, où le ridicule de la chose mettait le praticien dans l'obligation de prendre toutes les précautions d'usage, l'idée elle-même d'exiger un certificat dans ce sens faisait penser aux années de plomb. Cependant, l'intervenant montrera que nombre d'entreprises recourent à ce procédé et que des dossiers complets de candidature à des postes d'emploi butent sur ce fameux papier. Où est l'éthique ? Dans le refus de délivrance ou dans une remise du papier après un examen clinique de 5 minutes ? L'exigence d'une pièce d'identité était encore en débat avec l'expression par certains praticiens de la gêne à demander cette fameuse pièce au moment de l'établissement du certificat. Le juriste Kadri abordera le rapport entre la médecine et les droits de l'homme avec l'illustration à travers le certificat médical d'incapacité de travail qui, à travers le nombre de jours, fait balancer une affaire du délictueux au pénal. Il se montrera très rigoureux dans la nécessité faite au médecin de consulter dans des conditions faisant respecter les droits du prévenu car ce dernier a le droit de refuser un médecin. La faute médicale et ses implications sur les plans de la déontologie et de la justice ont été un sujet traité par le chef de service de médecine légale, le Dr Messahli. « Faute du service administratif, faute de service et faute détachable » étaient les sujets qui demandaient des explications rigoureuses. Il faut savoir qu'il y a prescription pour toute faute commise après 15 années pour le secteur privé et seulement quatre années pour le secteur public. Un responsable de la collecte de sang abordera l'éventualité du risque de la séropositivité d'un donneur après quelques mois car les analyses ne révélent rien au moment du don. Besoin de traçabilité, rigueur dans le travail, redoublement de la vigilance ont été les réponses données, rappelant au passage que le sang n'était pas une histoire de pompe à essence. Le professeur Chibane prendra la parole pour éclairer l'assistance sur une situation quelque peu désuéte : « Comment peut-on gérer une situation moderne sur la base d'un code napoléonien avec quelques cas de jurisprudence ? ». Il demandera à ce que l'instrument de travail soit clair sur le plan législatif et qu'il s'agissait de « stimuler un dynamisme de révision dans ce domaine ».On revenait de loin après un échange sur la nécessité ou non d'établir un certificat de virginité pour les personnes qui l'exigeaient au niveau des communes. La réponse était claire et sans recours : « Il est exigé un certificat faisant état d'une quelconque maladie congénitale et non d'autre chose. » Mais à qui faudra-t-il remettre ce certificat ? Les pratiques quotidiennes ont la peau dure. La soif d'information sur l'éthique démontrait que d'autres journées étaient nécessaires et que le sujet doit être inscrit dans les cours à l'université pour les futurs médecins.