Tiaret- ville, où a été instituée officiellement la journée nationale de l'artiste, en hommage au chantre de la musique moderne algérienne, feu Ali Maachi, recèle à l'instar de beaucoup de régions du pays un potentiel artistique humain inestimable. L'occasion nous a été donnée, l'espace d'une semaine culturelle, de voir et de sentir les pulsions profondes de jeunes artistes, des talents en herbe prêts à exploser, pour peu que le minimum d'égard leur soit consacré. Le tout nouveau directeur de la Culture l'a-t-il compris, lui, qui venait de faire appel à tout le monde, sans exception, pour donner la pleine mesure de leur talent. De cette aubaine ont surgi, comme venus du néant, des jeunes au talent insoupçonné. De tous, nous avons délibérément choisi de braquer les feux de l'actualité sur quelqu'un qui ne fait pas photo mais qui, par la force de la persévérance et de la patience, a fini par imposer son style. Lui, c'est Bouderoui Lakhdar, 45 ans et déjà 30 ans d'expérience en matière de peinture, de décoration. Sa passion pour les arts, il l'avait acquise au théâtre depuis 1988. Au fil du temps, Lakhdar, toujours humble et courtois, n'osait même pas décrire le mal qui le ronge et il a fallu l'intrusion d'une autre artiste pour dire « une certaine forme d'exploitation qu'il a subi sans broncher, des années durant » car « à part les subsides que les quelques associations lui versent à l'occasion de travaux commandés, sa situation socioprofessionnelle reste des plus préoccupantes ». Pour avoir délibérément choisi de parler de Lakhdar, c'est justement pour dire dans toute se crudité la mal vie qui continue de ronger nos artistes, ceux qui ne font pas dans l'entrisme politique ou dans l'opportunisme qui leur sied mal.