L'Algérie célèbre en cette année 2008 le 50ème anniversaire de l'assassinat du chantre de la musique algérienne, Ali Maachi par les mains de la horde colonialiste, un certains 8 juin 1958. Un anniversaire qui n'évoque pas que de la douleur ressentie par tout un peuple en lutte alors pour son indépendance et les souvenirs sont sans cesse ressassés. Pour honorer dignement et d'une manière pérenne la mémoire de l'artiste martyr que fut Ali Maachi mais aussi tous les artistes, fut instituée du temps de Hamraoui Habib Chawki lorsqu'il était ministre de la culture, la journée nationale de l'artiste qui coïncide justement avec le lâche assassinat de Ali et deux de ses amis : Djillali Bensotra et Mohamed Djahlène. Le spectacle macabre dirigé un dimanche par le tristement célèbre Camille Escourou, un milicien de l'armée française, a consisté à liguer les trois victimes, pieds et mains liés, après leur achèvement pour les pendre au pied du bicentenaire platane, un arbre toujours en place sur l'actuelle place de l'Indépendance (ex-Place Carnot). La population de Tiaret se souvient de ces tragiques moments quand l'armée française s'était employée à les ramener de force pour voir le spectacle et on imagine le supplice. Les forces colonialistes ne s'embarrassaient d'ailleurs pas de scrupules pour fouler aux pieds les conventions sur les prisonniers de guerre. L'histoire retiendra d'ailleurs que le bourreau de Ali Maachi, Escourou a été enlevé par des fidayin et remis au chef de la zone 7 en 1959, mais traité selon les convenances. Refusant d'échanger cet encombrant prisonnier avec des moudjahiddins, Escourou sera quand-même abattu mais son corps a été laissé en état et récupéré par les siens. Cette année, le souvenir de Maachi reste toujours vivace et beaucoup de ses compatriotes continuent de fêter l'auteur des chansons de « Angham El Djazair », « Ya babour », « Wassit el Goumri » et tant d'autres dont certaines ont été reprises avec succès par des chanteurs algériens. L'association Machaal-Echahid rend hommage à l'artiste, à sa famille mais aussi à notre ami et confrère Amar Belkhodja qui avait beaucoup écrit sur Ali Maachi. Au cercle Aissa Messaoudi de la radio nationale, un hommage lui sera dédié ainsi qu'aux artistes de sa trempe, morts ou vivants, qui continuent de faire vibrer les cœurs. Le 50ème anniversaire intervient localement dans un contexte marqué par le lancement d'une grandiose opération de toilettage de toute la place qui se confond avec l'histoire tragique de Ali. La fondation qui porte son nom n'innove pas, hélas, et bien qu'elle s'attelle à perpétuer le souvenir en organisant un concours annuel primé, n'a pas pour l'heure décidé de « fouiller » les mémoires pour au moins retrouver les traces de Maachi, dont la tombe reste inconnue.