Peu importe l'appellation, ils nourrissent tous la même ambition : siéger au parlement français et lui donner des couleurs. Vendredi dernier, au centre d'accueil de la presse étrangère (CAPE), chacun a étalé ses arguments pour justifier sa candidature. Paris : De notre bureau Mouloud Aounit, vieux routier du mouvement associatif, candidat indépendant dans le 93, a choisi de « placer ce département au cœur de la république ». Il récuse la « diversité exotique » et estime « que l'égalité doit être une pratique et non un slogan ». Eternel écorché vif, il cite comme exemples d'autres pays d'Europe dont les parlements, dit-il, reflètent mieux la mixité sociale. A voix haute, il énumère comme un commissaire priseur, le nombre de parlementaires issus de l'immigration : « Pays-Bas 12, Suède 15, Allemagne 11, France 0 ». Le discours de Halima Boumediene ne diffère pas trop du premier. La candidate des « Verts » refuse d'être « assignée à résidence » ou d'être cataloguée comme une « Arabe de service ». « Je porte un combat universel pour l'égalité, mais je n'oublie pas que je suis issue d'un bidonville et que mes parents sont des gens incultes ». Et de dénoncer l'attitude des médias qui, selon elle, ne manifestent pas un grand intérêt pour les petits partis. « En boycottant tous les autres candidats, ils (les médias ndlr) bipolarisent de fait la vie politique. Et cela est inadmissible ». Maxence Ansel qui se présente sous l'étiquette du Mouvement Démocratique (Modem) de François Bayrou va plus loin dans sa critique. Elle estime que la démocratie française a perdu de sa superbe et que les journalistes ne jouent plus leur rôle de quatrième pouvoir. Elle craint que l'UMP ne rafle la mise et concentre tous les pouvoirs en France. « 51% des français sont favorables aux députés issus de l'immigration ». C'est pour cette raison que Maxence a décidé de se jeter dans la bataille, en menant une campagne de proximité dans le 18e arrondissement. Pourtant, rien n'était facile pour cette ancienne joueuse de football d'origine camerounaise. « Certains citoyens me réservent un mauvais accueil, d'autres n'hésitent pas à me rappeler la couleur de ma peau et mon origine africaine, sans parler de diverses autres embûches semées par mes rivaux politiques ». Séduite par le discours de François Bayrou, Maxence veut défendre les Français au cas où les « décisions du nouveau pouvoir tout puissant soient injustes ou mal orientées », assure-t-elle. Injuste, ce mot irrite la candidate de l'UMP Lynda Asmani qui juge qu'au-delà des étiquettes partisanes, l'important est le travail de proximité fait par le candidat et la légitimité qu'il va chercher auprès des seuls habitants de sa circonscription. Pour « vendre » son programme, un condensé de propositions formulées par Nicolas Sarkozy pendant les présidentielles, Lynda Asmani a commencé très tôt sa campagne électorale. Il est vrai que la compétition est rude face au candidat socialiste sortant. Mais elle a promis de se battre jusqu'à la dernière minute. « On existe qu'à travers le regard des autres. Je refuse le qualificatif de diversité. Sur le terrain, je suis bien accueillie. Personne ne me demande d'où je viens. Je suis une française à part entière et je n'ai pas besoin de me justifier. » Lynda Asmani veut réconcilier les habitants du 10e arrondissement, en « menant une action politique sincère, moderne et allant au-delà des clivages politiques purs ». Du « Sarkozysme pur et dur », résume Hamou Bouakkaz candidat PS. Tout en reconnaissant que son parti n'a pas fait ce qu'il avait promis quand il était au pouvoir, Hamou Bouakaz veut tout de même croire en ses chances. Combien sont-ils à se présenter sous l'étiquette de la diversité ? Personne n'est en mesure de donner un chiffre exact. Plus que cela, les perspectives de voir des députés « noirs » et « arabes » siéger à l'assemblée restent dérisoires. Selon des études non-officielles, deux à trois personnes uniquement obtiendront l'onction du suffrage universel, alors qu'une enquête récente montrait que 51% des Français étaient favorables à une meilleure participation politique des français d'origine étrangère.