Même si le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, a félicité son homologue ghanéen, John Kufuor, président de l'Union africaine (UA), pour « la qualité des débats qui ont prévalu lors du sommet » d'Accra, la rencontre panafricaine s'est soldée par un échec. Les dirigeants africains ont échoué à s'accorder sur l'idée des « Etats-Unis d'Afrique » chère au dirigeant libyen et au président sénégalais. Le « Grand débat » sur le gouvernement fédéral africain fut sans concession, selon une source proche des réunions à huis clos. Selon les pointages établis par le secrétariat de l'UA, 41 chefs d'Etat et de gouvernement ont pris la parole durant ce débat. Il ressort de ce pointage, cité par l'agence PANA, que 17 pays regroupés autour de l'Afrique du Sud ont clairement exprimé leur opposition à la mise en place d'un gouvernement continental. A l'opposé, 15 Etats ont réaffirmé leur adhésion à un gouvernement d'union, alors que 9 pays ont déclaré être favorables à ce gouvernement, à condition qu'il se fasse de façon graduelle. Sur la base de ces statistiques, le président Thabo Mbeki a, selon note source, estimé que la majorité s'est prononcée en faveur du « non ». Une interprétation rejetée par le président sénégalais, Abdoulaye Wade, qui range les 9 Etats « gradualistes » dans le rang des pays qui veulent aller au gouvernement d'union, ce qui porte leur nombre à 24. Pour trouver un compromis, le président du Sénégal a alors proposé la création d'une commission chargée de faire la synthèse des travaux et d'élaborer une feuille de route avec des objectifs précis. Cela a permis de déboucher sur l'unique compromis instituant la création d'un Conseil ministériel chargé d'affiner la stratégie menant vers le gouvernement d'union. Face à ces désaccords — parfois tendus —, le projet de gouvernement continental a été renvoyé devant quatre commissions dont les conclusions seront présentées à un comité de chefs d'Etat « qui fera les recommandations appropriées à la prochaine session ordinaire » de l'UA en janvier 2008, selon la déclaration finale du sommet, lue par John Kufuor. L'une des études commandées va se pencher sur « les contenus du concept de gouvernement de l'union et ses relations avec les gouvernements nationaux », une autre devra étudier les domaines de compétence d'un tel gouvernement continental et son « impact sur la souveraineté » des Etats. Les deux dernières devront se consacrer à « l'élaboration d'une feuille de route et d'un calendrier » ainsi qu'au financement d'un gouvernement continental. Par ailleurs, le président de la commission de l'UA, Alpha Oumar Konaré, a confirmé que son mandat a été prolongé de six mois. « Je reste jusqu'en janvier parce que les conditions n'étaient pas réunies pour une élection », ajoutant que de nouvelles candidatures vont être annoncées. « J'ai quand même un regret, les élections prochaines risquent de se faire sur des bases anciennes dont on a largement montré les limites. C'est-à-dire un président de la commission qui n'aura pas à choisir des commissaires, des règles et des structures qui sont largement dépassées et l'audit va le démontrer », a-t-il ajouté. Entretemps, ces considérations d'organigramme et de recherche de consensus ont éclipsé deux des crises majeures du continent qui ont seulement été évoquées à l'ouverture du sommet : le Darfour (Soudan), alors que l'UA et l'ONU travaillent à la constitution d'une force hybride, et la Somalie.