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Le reboisement pour lutter contre la désertification
Publié dans El Watan le 13 - 08 - 2007

La lutte contre la désertification et la dégradation des sols préconisée dans les plans de développement, pour, dit-on, préserver et valoriser les ressources naturelles, ne semble pas résonner avec le dynamisme que requièrent les exigences d'un développement durable en harmonie avec la protection de la nature (catastrophes imputées par le groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) aux phénomènes des changements climatiques).
Dégradation des forêts et reboisement
Les surfaces sylvicoles n'augmentent pas mais diminuent ; les pertes de superficies forestières mondiales sont estimées à 28 ha/minute. L'Amazonie qui, selon les faits bien établis, constitue le poumon de la planète (réservoir considérable de séquestration de carbone), a fait l'objet et continue de subir des agressions, ce qui a occasionné des diminutions substantielles de sa surface. En Algérie, on cite le cas de Mostaganem après une action de réadaptation de cultures. Ainsi, la désertification qui augmente, tout en apportant ses lots de ravages et de désolations de par le monde, a engendré des diminutions de séquestration naturelle des gaz à effets de serre (GES) et qui tend à déstabiliser la biomasse. Notre association estime que cette situation ne semble pas avoir fait l'objet de préoccupations majeures :
les forêts sont agressées et continuent de subir des rétrécissements (voir les coupes éhontées et les exploitations « sauvages » des forêts)
les mécanismes du protocole de Kyoto, nonobstant les encouragements à la réduction des GES, n'ont pas mis en œuvre de systèmes de financement susceptibles de permettre l'encouragement au reboisement par le moyen de la vente de crédits d'émission aux pays ayant des obligations de réduction à l'adresse de pays disposant d'espaces pour un reboisement significatif
Mesures de financement à susciter
En partant du fait que les forêts sont au cœur de grands enjeux, les pays ayant des engagements et des obligations de réduction des GES doivent accepter des systèmes de financement des reboisements par la création des puits de carbone. Les pays industrialisés (européens), fondamentalement responsables des émissions de GES, dont les effets sur les changements climatiques ont été déjà démontrés, sont tout indiqués pour regarder vers le Sud pour mettre en place les financements des opérations de reboisement, en créant des puits de carbone. La création de puits de carbone, notamment au Sahara (sud de l'Europe), où la situation de désertification devrait pouvoir s'inverser, peut constituer une bouée de sauvetage utile à la contribution de l'atténuation des effets de serre en parallèle avec les mécanismes devant conduire à la réduction des GES. Une comptabilisation des émissions dans les bilans nationaux (pays européens en particulier), compte tenu des risques de catastrophes majeurs encourus, dues précisément aux bouleversements climatiques, encouragerait, sans aucun doute, des opérations de prise en charge du financement du reboisement en question. (Voir les analyses des Dr Perros et R. Washington lors du forum international organisé à Alger, sur les questions de la désertification et le rapport de l'expert Mitchell Robert sur l'environnement, le rejet d'oxyde de carbone dans l'atmosphère a entraîné un réchauffement de la Terre (El Watan n°3345 de 2001). Ces situations n'ont-elles pas amené le sommet de la Terre de Rio à préconiser des mécanismes de développement propre pour inciter les pays industrialisés (responsables de la pollution de l'air) à réduire les émissions des GES ? Hélas, la question du reboisement n'a pas bénéficié des mêmes mécanismes ( le taux de réduction enregistré avoisine 5% au lieu de 20% pour la période allant de 1997 à 2005 pour chacun des pays désignés).
Opportunités d'inversion de cette situation
En Algérie, la lutte contre la désertification a envisagé deux objectifs : la préservation et la protection de certaines espèces et la restauration de la flore. Ces deux objectifs répondent-ils aux nécessitées de la préservation des surfaces forestières et, par voie de conséquence, contribuent à la lutte contre la dégradation des sols et la désertification ? Dans les circonstances actuelles et les préoccupations internationales dues précisément aux changements climatiques ne favorisaient-elles pas un reboisement à grande échelle par la création de puits de carbone ? Il y a lieu de relever, pour mémoire, que la surface des terres utilisées par l'agriculture, estimée à 38 M/ha de surfaces agricoles utiles (SAU) ne dépasse pas 1,5% de la surface totale (ST : 2,38 M/km2) du pays (la norme estimée en la matière est de l'ordre de 25%). Ce taux pourrait être atteint dans l'hypothèse où 13% de la surface agricole totale (SAT) est consacrée à cette fin ! Pour rappel, les services compétents du ministère de l'Agriculture souhaitent faire progresser le taux de boisement de 2 points pour les zones « sylvatiques » du nord du pays. Compte tenu de la disponibilité des sols et de la ressource en eau dans le Sud, un reboisement opportunément étudié et sélectionné peut être réalisé, il suffit de la prise de conscience des enjeux et de la bonne volonté.
Intérêt de la création des puits de carbone
Aussi, s'engager pour un reboisement à grande échelle devrait constituer le moyen par lequel la lutte contre la désertification sera rendue possible, la séquestration du CO2 opérée (40% environ) atténuant ainsi la pollution des pays industriels, la création de conditions de microclimat, et le bénéfice de l'aide des organisations internationales au mouvement associatif du pays Il est vrai que la partie n'est pas facile et que les enjeux ne sont pas si évidents. Il s'agit, en premier lieu, d'une œuvre ardue et de longue haleine qui nécessite un délai relativement long pour séparer les émissions des GES de leur implication directe sur le climat ; les professeurs C. Parry et G. Neyet estiment à plus d'un demi-siècle la période nécessaire pour le « rétablissement de l'équilibre. Il y a, ensuite, le fait que l'on ne tienne pas compte du caractère global du problème qui, en fait, ne peut être pris en charge qu'à l'échelle planétaire et, en tant que tel, considérée comme une question transnationale.
Sagesse de l'implication du mouvement associatif
Compte tenu de l'ampleur du problème, il s'avère nécessaire de sensibiliser et de susciter une mobilisation la plus large possible, incluant les institutions internationales (organisées dans le cadre du PNUD), les médias, les décideurs, les ONG et autres mécanismes d'aides et de financement afin de les impliquer dans les activités de reboisements conditions de lutte efficace contre les changements climatiques. Les projets de boisement et de reboisement, outre les influences sur les changements climatiques, présentent également de nombreux avantages :
Au niveau économique, la forêt génère des activités permanentes
Au niveau social, les puits de carbone procureraient des emplois
Au niveau environnemental, les forêts profitent à la biodiversité, à l'amélioration des sols, à la préservation des ressources en eau etc. En termes explicites, il convient de lier et d'intégrer la lutte contre la désertification en reboisant par la création de puits de carbone, toutes démarches de cette nature devant s'inscrire dans le cadre du développement durable Le président de la République, M. A. Bouteflika, n'a-t-il pas déclaré, à l'occasion de la conférence internationale du NEPAD du 15 décembre 2003, que « l'environnement constitue, désormais, un enjeu planétaire nécessitant une conception globale et une réponse solidaire ? » Dans cet ordre d'idée, le mouvement associatif offre un immense gisement de ressources qui peuvent être mises à profit pour l'identification et la mise en œuvre de projets de puits de carbone à travers des actions de reboisement à grande échelle et autres opérations de lutte contre la désertification. Ce constat (largement partagé) est au cœur des considérations et des démarches à l'origine des opportunités pour un reboisement au cœur du Sahara. Les personnes contactées, parmi les milieux scientifiques et universitaires, se sont montrées favorables à l'idée du projet et aux buts poursuivis Au demeurant, voici ci-après résumés, les domaines d'implication de notre association, si tant est qu'elle soit entendue :
Contribuer à la promotion d'études, de recherches et d'initiatives pour la définition de zones susceptibles d'accueillir les projets de puits de carbone
Aider, sous la supervision des autorités locales, les personnes appelées à créer, entretenir et gérer les puits de carbone, outre la constitution de dossiers techniques en vue de la prise en charge de la réalisation. Sensibiliser les organismes pollueurs, les décideurs, les ONG et les médias de la justesse des buts poursuivis par notre association.
Programme de reboisement
Pour notre association, il s'agira de reboiser autour des Oasis et/ou de centres de vie existants, à la périphérie des centres urbains du grand Sud, le long des grands axes routiers et, le cas échéant, lors de la création de nouvelles Oasis (le reboisement autour des grandes exploitations agricoles du Sud et au nord du pays fera l'objet de définition et de propositions particulières). Le phénomène de la désertification dans notre pays, avec ses risques et ses sombres perspectives, qui a pris de l'ampleur ces dernières années, a été très tôt perçu. C'est pourquoi l'adhésion voire l'attachement à l'idée de la reprise et la poursuite d'une expérience nationale ambitieuse, telle que celle du barrage vert, n'est pas de nos jours absent de l'esprit des Algériens. Le caractère global de cette problématique trouve ici sa pleine justification Le reboisement à grande échelle, afin de domestiquer le désert, l'occuper économiquement dans une perspective de développement durable de manière à inverser les processus de dégradations des sols et de désertification, s'inscrit pleinement comme une contribution à la résorption des phénomènes à l'origine des causes du réchauffement de la planète avec les conséquences, que l'on connaît, sur les changements climatiques. Cette approche se trouve bien au centre d'une préoccupation internationale générale qui ressent le besoin d'une initiative majeure à l'effet de favoriser un développement conciliant la satisfaction des besoins des hommes et la préservation du milieu naturel. La société civile à travers le mouvement associatif national et international est appelée à intervenir en médiateur pour inciter, orienter, épauler et relayer l'Etat, en commençant par l'amener à assurer ses engagements internationaux (la convention de Kyoto, la convention internationale contre la désertification et les autres conventions analogues portant sur les politiques de l'environnement). Notre association interpelle, encore une fois, l'espace institutionnel concerné par les dégâts occasionnés à notre environnement sur la pertinence de ces questions et l'intérêt qu'il y a lieu à les examiner dans une perspective de lutte contre les changements climatiques. Elle plaide pour l'examen de la possibilité de créer des puits de carbone, notamment au Sahara, à travers des actions concrètes de reboisement opportunément étudiées en relation avec les autorités et la société civile La prise de conscience autour de l'idée ou encore l'intérêt que l'on pourrait lui porter, ne peut entraîner que des effets respectables et louables. Le soutien que l'association souhaite également, c'est sa vulgarisation Ne dit-on pas que « l'argent peut faire une route en mer » ? Les Européens n'ont-ils pas creusé et construit un tunnel sous la mer ? Les pays du NEPAD n'ont-ils pas préconisé la muraille verte ? Les pays industrialisés, européens, américains, japonais, chinois ... dans le cadre des prochaines renégociations du protocole de Kyoto (l'après 2012), dans l'hypothèse où leurs efforts et leur intelligence sont conjugués, ne peuvent-ils pas discuter, écouter, prendre en considération l'idée du projet et inscrire dans leur agenda l'appel de notre association ? Compte tenu de la préoccupation des instances internationales, particulièrement dans les domaines de la problématique du réchauffement de la planète et ses conséquences sur les changements climatiques, les différentes méthodes d'approche pour traiter utilement de la question ne sont pas hors de portée. Faut-il encore que les Etats concernés ne manifestent pas d'opposition ; car, si tel est le cas, la qualification de celle-ci, peut être assimilée à une absence de conscience et un manque de respect à l'égard de l'humanité et de la nature.
L'auteur est Membre de l'association Reboiser le Sahara 12, bd Colonel Amirouche, Alger


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