C'est la dernière ligne droite du Ramadhan, avant la célébration de la fête de l'Aïd El Fitr. La frénésie du moment est à la préparation des gâteaux comme le veulent le rituel et la tradition initiés depuis la nuit des temps. C'est un assortiment de plus dans l'arsenal des frais occasionnés à l'approche des réjouissances devant couronner un mois de jeûne, d'abstinence et de... privations. C'est une étape certes attrayante pour l'ambiance détrempée dans les chaumières lors des visites familiales, mais qui reste néanmoins ô combien dispendieuse pour les bourses modestes ! Certaines mères de famille actives ont recours aux services d'une virtuose du rouleau à pâtisserie. Mme N., pâtissière à ses heures perdues à Gué de Constantine, croule sous les commandes. « Un makrout aux amandes revient à trente dinars la pièce. L'unité est estimée toutefois à vingt dinars lorsque les amandes sont fournies par la cliente. » Un procédé trop coûteux pour les fées du logis. Alors, c'est l'empressement exalté vers les magasins spécialisés aux enseignes dénommées communément « Emballage ». Ces échoppes, jusque-là préservées de la cohue du f'tour gargantuesque, cherchent maintenant à séduire et monnayent à leur tour des produits à une clientèle en quête d'assaisonnements pas chers et de goûts sûrs. Que ce soit au marché d'El Biar ou aux bazars de l'avenue piétonnière Ferhat Boussaâd (ex-Meissonier) et la rue Réda Houhou (ex-Clauzel), les échoppes se sont converties pour la plupart en tiroirs-caisses. Les étagères des aromates et de colorants sont prises d'assaut en dépit d'un désenchantement affecté à l'endroit d'une mercuriale à donner le tournis. L'ivresse des coûts est à la limite de la renonciation à ce rituel tartelette. Tout le monde est cependant à l'affût de la bonne affaire. Les amandes occupent le haut de l'affiche et se négocient à 800 DA/kg, contrairement aux 550 DA de l'année écoulée. Exaspérée, cette brave ménagère a du mal à contenir son agacement : « A ce prix-là, autant se rabattre sur les cacahuètes. » Cela n'est pas l'avis d'un commerçant de Aïn Naâdja, qui nous avoue : « Beaucoup de mes collègues ont refusé de commercialiser les amandes en raison de la flambée des prix décidée par les grossistes. » Qu'à cela ne tienne, les arachides se vendent à 230 DA et talonnent, même de loin, les pralines. Les condiments de base, en l'occurrence la semoule et la farine, sont cédés respectivement à 40 et 35 DA le kilo. La consécration passe avant tout par la douceur ! Le miel est ajusté dans le sillage de la hausse des prix à 145 DA les 2 kg. En conséquence, ce sont autant d'écueils à la fête, qui ont provoqué le mécontentement des petits porte-monnaie. Saha aïdkoum quand même