Les commerçants « précaires » de la place Ifri, réunis mercredi dernier en assemblée générale dans l'une des salles de la maison de la culture, ont décidé de tenir, dès aujourd'hui, un sit-in permanent devant le siège de la wilaya. Une grève de la faim n'est pas non plus à exclure, a-t-on prévenu, si aucune suite favorable n'est réservée à leur action. Le mouvement de protestation a été décidé après avoir écouté le compte rendu des démarches entreprises par les membres de l'Union générale des commerçants et artisans (UGCAA) de la commune de Béjaïa et les deux délégués des « commerçants » de la place Ifri auprès des élus de l'APC de Béjaïa, du chef de daïra et des responsables de la wilaya. Bien que leur infortune ait commencé par une décision de l'ancien P/APC, Chabati Rachid, qui les a délogés de la place Ifri pour y ériger un centre commercial et qui s'est ravisé par la suite en s'engageant à leur réserver en priorité un endroit dans le futur édifice, les représentants de l'UGCA ont abouti à cette conclusion : « Dans cette affaire, on est convaincu que les élus de l'APC (anciens et nouveaux) sont dépassés par les événements. Ils n'ont aucune prise sur les événements. Certes, il y a eu des délibérations de l'APC de l'ère Bouaoudia, mais elles étaient systématiquement rejetées par la tutelle, la daïra et la wilaya. » Les résolutions en question visaient l'installation des « commerçants précaires » tout au long du boulevard Ben Boulaïd vers la gare de Béjaïa. Ils ont même confectionné des stands adéquats qui ont coûté près de 32 000 DA. « Une fortune pour des commerçants sans le sous. » La dernière délibération – restée sans suite – les autorisait même à retourner à la place Ifri, qu'ils devaient abandonner aussitôt le chantier entamé. Les services de la wilaya s'y sont opposés par deux fois mais sans présenter, pour autant, des solutions de rechange et manifestement, sans se soucier de la précarité à laquelle étaient voués les « 50 pères de famille ». Les membres de l'ancienne APC ont ouvert la boîte de Pandore mais c'est d'autres cercles de décision qui ont, à présent, l'initiative. Même si au final, le dossier retournera inévitablement sur le bureau des nouveaux élus, le terrain appartenant à l'APC. La question est de savoir quelle sera leur marge de manœuvre. C'est la raison pour laquelle les commerçants, présents à l'AG, ont voulu cibler, à travers leur mouvement de protestation, le « véritable élément de blocage : la wilaya ». D'autant que plusieurs demandes d'audience auprès du chef de l'exécutif sont restées lettre morte. Une délégation, conduite par le président de l'UGCAA, Mamas Samir, a été reçue par l'un des collaborateurs du chef de cabinet et ce dernier s'est, selon leurs dires, « défoncé sur les membres de l'APC. Mais lorsqu'on a évoqué, preuves à l'appui, les délibérations (citées ci-dessus), il s'est ressaisi et a déclaré qu'il allait faire son rapport au wali ». Depuis, c'est le silence radio et la situation des commerçants de la place Ifri s'est détériorée. Ils sont tombés dans la précarité et certains d'entre eux sont devenus des vendeurs à la sauvette et des vagabonds qui errent dans les rues de Béjaïa. La place Ifri, qui risque d'être engloutie par le béton des promoteurs immobiliers, sert désormais de terrain de foot aux chérubins des environs. Et depuis que ses anciens occupants ont été contraints de partir, le manque d'activité et d'ambiance que créait naguère la place Ifri, s'est déteint sur tout l'environnement immédiat. Toute l'ancienne ville semble affectée par ce manque de dynamisme.