Réputé antérieurement pour son style baroque, l'autodidacte Aïssa Khettab semble avoir changé de style. C'est du moins ce que peuvent constater tous les esthètes et les profanes qui ont suivi son brillant parcours, depuis plus de deux décennies. L'artiste peintre s'en défend en disant que les périodes tragiques qu'il a vécues tout au long de ces dernières années, l'ont poussé, malgré lui, à adopter un autre style personnalisé. « Avec le temps, dit-il, j'ai préféré me consacrer à l'art traditionnel algérien et à m'essayer dans la réalisation de portraits ». A travers le thème choisi de son exposition « Etre figuratif », le peintre a voulu prouver que seuls ceux qui exercent depuis une vingtaine d'année l'art figuratif peuvent se targuer d'êtres des connaisseurs. « Ce titre est un clin d'œil qui est loin d'être innocent », lance-t-il. De dimensions variées, l'ensemble des tableaux dégagent une profusion de couleurs et une aura lumineuse. Les tracés figuratifs, tantôt réalisés à la peinture à l'huile sur toile, tantôt sur cuir, renseignent sur le contexte dans lequel évolue le sujet esquissé. Mieux encore, les titres choisis résument une situation donnée. « Les chasseurs d'autruches », « Fantasia », « Une mariée », « Van Gogh », « Saint Augustin », « Fella, sous les lauriers roses », « Goussem », « Femmes dans la Casbah » sont autant de titres parlants. Mise à part une seule reproduction à savoir « La chasse des singes », l'ensemble des œuvres sont des productions personnelles. La femme traditionnelle – gardienne des us et coutumes – occupe une place de choix. Habillée d'un « kouiyate » ou d'un « karakou » finement travaillés au fil d'or, la tête ceinte d'un collier et les pieds chaussés de babouches turques, la femme se dresse fièrement comme un symbole de courage et de résistance. La Casbah d'Alger se décline avec ses venelles, sa blancheur, ses badauds... ses senteurs. Un hymne aux pirates ottomans est également mis en exergue. La palette de Aïssa Khattab est un mélange de couleurs pastel et chaudes. « C'est, dit-il avec la couleur, qu'on peut exprimer une multitude de choses. Elle donne naissance à une expression de vivacité ». Influencé par certaines palettes d'artistes peintres, dont notamment Eugène Delacroix, Gustave Courbet, Lascas et M'hamed Issiakhem, Aïssa Khattab ne cache pas son penchant pour le style orientaliste.Après avoir exposé une multitude de fois dans des hôtels de la capitale, Aïssa Khattab espère, désormais, cibler un autre public en exposant dans des galeries privées avant de s'envoler vers l'étranger.