L'ouvrage Constantine sur scènes, de Abdelmadjid Merdaci, se veut être surtout une contribution à l'élaboration d'une histoire du théâtre algérien. Pour ce faire, l'auteur prend le parti de décortiquer les sourdes didascalies ou préambules croustillants à la naissance des planches constantinoises depuis l'avènement de la pratique théâtrale et ses premiers balbutiements. Ce travail est à la fois documentaire mais surtout didactique, tant il garde un souci précieux, celui de la volonté d'entamer et d'ouvrir au plus urgent un débat le plus large possible, qui tient pour finalité une incommensurable tâche, celle de tenter de penser à une refonte sérieuse du théâtre algérien, tout en mesurant l'expérience engrangée et les approches historiques acquises tout au long de son parcours. L'auteur souhaite que sa modeste contribution puisse s'inscrire dans une multiplicité d'approches, même contradictoires, pour peu qu'elles rendent compte sereinement et scientifiquement, d'une séquence historique prodigieuse de par les productions qui l'ont caractérisées toutes plurielles, différentes, mais cependant complémentaires. En intellectuel averti, A. Merdaci effeuille l'histoire et analyse les paradigmes sociopolitiques constitutifs de ce théâtre. Son approche, méticuleusement méthodologique, reste soucieuse de la restitution la plus fidèle qui soit à la mémoire collective d'une part importante d'un riche patrimoine culturel commun. Ce travail fort exigeant, en ce sens qu'il se conçoit à partir d'un regard critique et délicat, restitue aux concepts énoncés toute leur mesure et leur aspect pondéré, évitant ainsi tout amalgame, un glissement de sens ou une interprétation tendancieuse s'articulant pour les besoins autour d'une vision sociologique, qui relève les spécificités et la singularité du théâtre constantinois à différentes époques, de sa création à ce jour. Les étapes de son évolution tumultueuse parfois, à l'image des terribles années 1990, où la production a pris les allures d'un théâtre de la résistance, ont été façonnées depuis les années 1920 par l'opiniâtreté et la résolution d'hommes, qui ont, de par les œuvres mises en scène, tenté d'embrasser les hauts faits et la réalité de leur présent. Et, c'est en ce sens justement, que l'ouvrage propose une présentation exhaustive des œuvres théâtrales produites, recoupées par des témoignages et confortées par une biographie bien fournie de personnalités, que l'on peut considérer comme fondamentalement les acteurs émérites de l'émergence, puis de l'évolution du théâtre constantinois. Où et comment préserver alors le lien fondateur du théâtre d'aujourd'hui avec celui d'hier ? Tel est donc le type de questions qui ponctuent cet ouvrage, qui se veut un outil de connaissance et un moyen de conscientisation et d'intelligibilité du fait théâtral et de ses multiples apports sociopolitiques et éthiques. Signalons que cet ouvrage a été commandité et édité par le théâtre régional de Constantine, une initiative fort louable d'ailleurs, tant il est vrai qu'elle inaugure et fleurit le printemps théâtral.