Les ministres africains ont adopté un plan d'action consolidé pour le développement du transport en Afrique pour la période 2008-2012. La première session de la conférence de l'Union africaine des ministres en charge des transports s'est achevée hier au Club des Pins, à Alger, par l'adoption d'un plan d'action et de la déclaration d'Alger. Les ministres africains ont réaffirmé leur ferme volonté de conjuguer leurs efforts en faveur du développement durable d'un système de transport « fiable, sûr, efficace et abordable au service du développement économique et social et de l'intégration de l'Afrique ». Ils ont souligné « l'urgence d'engager une stratégie régionale et continentale » en faveur de la promotion du transport dans la réalisation des objectifs du millénaire pour le développement (OMD), notamment la réduction de la pauvreté. Les ministres africains ont également adopté un plan d'action consolidé pour le développement du transport en Afrique pour la période 2008-2012. Ce plan d'action a été peaufiné par les experts au cours de la conférence qui s'est tenue du 21 au 24 avril. Lors de l'ouverture jeudi de cette première session d'Alger, le ministre des Transports, Mohamed Maghlaoui, a estimé que le rapport établi par les experts durant les trois jours montre que la situation des transports mérite d'être renforcée pour diverses raisons. Selon le ministre, « il y a une insuffisance des réseaux de transport dans l'interconnexion et les normes ». A ce titre, « le premier obstacle est, selon M. Maghlaoui, d'ordre organisationnel qui doit être levé par la création d'une commission qui va permettre la coordination avec tous les pays africains ». La seconde difficulté est, ajoutera-t-il, d'ordre financier qu'il faut remédier par la recherche des financements en dehors des pays africains. La conférence d'Alger devrait, selon M. Maghlaoui, constituer « un vrai décollage » du développement de l'ensemble des modes de transport dans le continent pour « alléger » la pauvreté et « assurer » le développement durable. Pour sa part, le commissaire en charge des infrastructures et de l'énergie à la commission de l'Union africaine, Bernard Zoba, a mis en exergue la nécessité pour les Etats africains de comprendre les enjeux du secteur des transports dans le continent en vue d'assurer la cohérence dans l'élaboration des politiques et des stratégies de développement des infrastructures et des services des transports. Il a, dans ce cadre, appelé à « un engagement réel de la part des Etats membres », citant au passage l'opérationnalisation de l'agence d'exécution de la décision de Yamoussoukro portant sur la libéralisation de l'accès au marché du transport aérien en Afrique. M. Zoba demandera une position africaine commune pour les négociations des accords de services aériens entre les Etats membres de l'Union africaine (UA) et ceux de l'Union européenne (UE). Pour lui, un document consensuel devrait être agréé par les Etats africains afin, dit-il, de « rompre le silence actuel vis-à-vis de l'UE ». M. Zoba dressera, par ailleurs, une situation des transports des plus inquiétante. « L'Afrique s'est, regrettera-t-il, laissé distancer dans la mise en œuvre des infrastructures de transports, dans leur interconnexion et leur qualité ». Chiffres à l'appui, le commissaire estimera la densité pour les chemins de fer à 2,96 km pour 1000 m2, contre 60 km pour 1000 m2 en Europe. Le transport routier n'est pas mieux loti, les neuf routes transafricaines identifiées depuis plus de deux décennies n'ont pas connu de réelle réalisation. Il citera aussi le problème de l'interconnectivité qui se pose, selon lui, avec acuité et des « entraves » dans la fluidité du trafic. Les ports connaissent aussi beaucoup de difficultés et la piraterie en mer ne cesse d'augmenter. Emile Ouosso, président de la conférence des ministres en charge des transports de l'UA, a mis en exergue la nécessité de promouvoir le rail en tant que mode de transport de masse par excellence. Il a relevé, néanmoins, la difficulté pour les pays africains d'obtenir des financements pour la réalisation de leurs projets. Le chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, a souligné l'impératif de collecter les fonds nécessaires au développement des infrastructures dans le continent et d'adopter une politique appropriée. Pour M. Belkhadem, les participants à cette conférence doivent « se pencher sur toutes les exigences d'une dynamique en Afrique et définir les entraves qui se posent à l'intégration des infrastructures de base dans le domaine des transports en Afrique » en vue d'aboutir à des solutions plus appropriées pour que « le processus de mondialisation n'induise pas une marginalisation de l'Afrique ».