La rencontre des ministres des Affaires étrangères de l'OTAN avec leurs homologues des sept pays du Sud-Méditerranée, membres du dialogue méditerranéen, qui a lieu aujourd'hui à Bruxelles, est d'une importance capitale, dans la mesure où c'est la première rencontre du genre qui va explorer les possibilités de faire évoluer le dialogue méditerranéen vers un Partenariat pour la paix (PPP). Ce dernier peut constituer l'antichambre d'une éventuelle adhésion à l'organisation transatlantique. Mais qu'est-ce qui différencie le dialogue méditerranéen du PPP ? Globalement, si le dialogue méditerranéen est un processus de consultation politique pour le maintien de la paix et de la sécurité dans la zone Euro-Med, le PPP, lui, est un véritable cadre stratégique de coopération militaire et d'adhésion à un certain nombre d'engagements précis au sein de l'Alliance. Lancé en janvier 1994 au sommet de Bruxelles, après la fin de la guerre froide et la dissolution du pacte de Varsovie, le PPP vise à remodeler toute l'architecture militaire euro-atlantique pour renforcer la stabilité et la sécurité en Europe. Aussi, les 46 pays membres du Conseil de coopération nord-atlantique (CCNA) et les 55 membres de l'OSCE (Europe plus Canada et USA) ont rejoint, depuis, le PPP. Le PPP : pilier de l'architecture de sécurité euro-méditerranéenne Le document cadre du PPP élaboré lors du sommet de Bruxelles de 1994 oblige les membres du PPP à respecter un certain nombre d'engagements précis, parmi lesquels un contrôle démocratique sur les forces de défense ; la transparence dans les processus d'établissement des plans et des budgets de défense nationaux ; être en état de contribuer à des opérations conduites sous l'autorité de l'ONU ou de l'OSCES ; l'interopérabilité des forces militaires nationales avec celles de l'OTAN, etc. S'ajoutent à ces engagements, des principes d'engagement politique tels : la préservation des sociétés démocratiques et la défense du droit international ; le respect de la Déclaration universelle des droit de l'homme et la Charte de l'ONU ; le respect des frontières existantes et le règlement des différends par des moyens pacifiques ; l'engagement pour le désarmement et la maîtrise des armements... Sur le plan structurel ou organisationnel, les membres du PPP participent à un certain nombre d'institutions au sein de l'OTAN. Nous pouvons citer le comité directeur politico-militaire du PPP (PMSC-PPP) ; la cellule de coordination du partenariat (CCP) ; le processus de planification et d'examen du PPP (PARP), etc. Ce qui entraîne l'accréditation de délégués miliaires de haut rang et de missions diplomatiques permanentes des membres du PPP auprès de l'OTAN. A y regarder de près, le PPP est le préambule à une adhésion pleine et entière à l'OTAN. La déclaration du secrétaire général de l'OTAN, en visite à Alger fin novembre, à savoir « faire évoluer le dialogue méditerranéen vers une coopération type PPP », est à interpréter dans ce sens. C'est-à-dire aider les sept pays du dialogue méditerranéen à rejoindre sur le long terme l'Alliance transatlantique. Objectif, certes lointain, mais qui engage les pays Sud-Med sur le chemin de véritables réformes politiques et militaires, visant à assurer la paix et la stabilité non seulement dans la zone Euro-Atlantique, mais dans le monde. C'est pourquoi, la rencontre d'aujourd'hui au siège de l'OTAN, première du genre, peut être interprétée comme un signal fort de l'Alliance pour un engagement sur l'avenir de la paix dans le monde. Par leur présence à Bruxelles, les sept pays du Sud-Méd marquent ainsi leur accord sur ce pari sur l'avenir. Reste alors toute la complexité de la négociation et des consensus à établir. C'est là le travail des politiques et des diplomates.