Le football est en conclave depuis hier et jusqu'à aujourd'hui avec pour objectif de redonner à la discipline sa vocation sociale et culturelle. L'initiative, a priori, est louable mais elle demeurera insuffisante car notre sport roi a beaucoup plus besoin d'un assainissement de ses rangs que de résolutions. L'état des lieux de notre football est catastrophique, ce n'est un scoop pour personne, et le nombre d'ateliers mis en place lors de ce nième rendez-vous ne changera en rien cette donne. Les différentes rencontres organisées autour des problèmes de la discipline n'ont rien réglé jusqu'à présent car sur le terrain de l'action ce sont, à quelques éléments près, les mêmes responsables qui sont restés en place. Ce sont les mêmes personnes qui ont participé à d'autres rencontres pour sauver le football, qui ont rédigé et adopté plusieurs résolutions mais qui sont passés outre les recommandations. La confiance n'étant plus de mise, il est tout à fait normal que les observateurs affichent des réticences à de pareilles rencontres. L'état des lieux de notre football n'est pas seulement négatif, il est plutôt humiliant surtout lorsque l'on sait qu'à la veille de la tenue de ce brainstorming plusieurs de nos terrains de football ont bafoué l'éthique sportive. Cette dernière sera encore bafouée pour le restant des rencontres de cette saison et tout un chacun le sait pertinemment. D'ailleurs, le ministre lui-même le reconnaît en disant entre autres que le « phénomène de la corruption est mondial ». Ceci pour dire que les plus belles résolutions qui peuvent émaner de ce conclave ne pourront faire cesser cette régression car, sans prendre de raccourci, le football est devenu un tremplin pour des intérêts sordides. Aujourd'hui, le football est sorti de son cadre naturel pour se retrouver en plein cafouillage politique, régional et surtout financier. La déontologie bafouée, la discipline s'est retrouvée face à des dépassements incontrôlés et plus aucune structure ne pouvait gérer cette situation. Ni la fédération de football, ni la ligue nationale, devenues obsolètes par la force des choses, ne pouvaient faire face à cet état de fait. Spectatrices est le rôle qui sied le mieux à ces structures qui assistent, impuissantes qu'elles sont, à cette régression d'un football qui ne mérite nullement une telle sanction. Aujourd'hui, ce sont des décisions responsables, voire politiques qu'il faut prendre pour sauver la discipline car depuis que l'Etat s'est totalement désengagé du sport, les différents résultats sont là pour prouver le malaise. L'initiative du ministère de tutelle d'organiser une rencontre sur l'état des lieux de notre football ne peut se suffire d'un simple constat mais doit être suivie d'actions à la hauteur des attentes de ces millions d'Algériens qui ne font plus confiance en leur football car désabusés par le trop-plein de promesses.
