Dans les grandes villes, c'est « la ruée chaque soir autour des poubelles des magasins ». Un phénomène si inquiétant que Martin Hirsch, haut-commissaire aux Solidarités, va réunir les associations caritatives afin d'en « comprendre les raisons » et d'en « mesurer précisément l'ampleur ». Ce phénomène récent rapporté par le Parisien (édition du 12 mai), puis relayé par d'autres journaux et chaînes de télévision « touche l'ensemble des supermarchés, des chaînes de boulangeries ou de restauration rapide situés au cœur des grandes villes hexagonales ». Vers 19h, chaque soir, à la sortie des poubelles des magasins, « des milliers de démunis fouillent les sacs et les cagettes de produits alimentaires jetés, invendables en rayons car sur le point d'être périmés mais toujours consommables », écrit Le Parisien. « Parfois, ils sont si nombreux à se précipiter sur les denrées que la scène, dans un pays pourtant 5e puissance économique mondiale, ne peut que révolter ». Ce qui est nouveau et inquiétant, c'est qu'il ne s'agit plus seulement de « sans domicile fixe » ou de « clochards », mais aussi de retraités qui perçoivent une faible pension, de personnes bénéficiant d'aides sociales, des étudiants. Soit, toutes les personnes qui ont un faible revenu et qui, une fois le loyer payé, ne peuvent plus subvenir à leurs besoins, victimes de l'envolée des prix des denrées alimentaires. On les appelle les « nouveaux pauvres ». A la fermeture des boulangeries Paul, les démunis s'arrachent le pain et les pâtisseries qui n'ont pas trouvé preneur, soit environ 2 % du chiffre d'affaires de la société. Le PDG de cette chaîne de boulangeries, Maxime Holder, souhaite généraliser à l'échelle nationale une méthode déjà testée dans les boutiques à Limoges (Haute-Vienne) : chaque soir, le Secours populaire vient y collecter les invendus pour les distribuer à ceux qui sont dans le besoin. Maxime Holder entend, par ailleurs, remettre en place une pratique qui existait quand l'entreprise était encore familiale : offrir en fin de journée les invendus aux salariés dont les fins de mois sont difficiles, rapporte encore Le Parisien. A l'instar des boulangeries Paul, des acteurs de la grande distribution signent de plus en plus de conventions avec les associations caritatives, dont la Croix-Rouge, afin d'écouler leurs stocks d'invendus, notamment en les donnant gratuitement aux épiceries sociales ou aux soupes populaires.