La France de Sarkozy se perd en conjectures dans le faux débat sur l'identité révélateur du malaise français et de la crise des valeurs de la Ve République hanté par le syndrome lepéniste et travaillée en profondeur par la crise financière et économique persistance. Une échappatoire au goulot d'étranglement budgétaire et aux difficultés d'un quotidien lourd à gérer ? Si, de l'usage immodéré du «Kärcher» à la «racaille» et aux minarets suisses, la transhumance en terres lepénistes est une constante sarkozienne bien ancrée, le débat de trop ne laisse plus indifférent la « France d'en bas » qui s'est déclarée non satisfaite à 50%, la classe politique de droite et de gauche divisée et l'intelligentsia française criant son désarroi. Une pétition, signée par 140 personnalités, appelle à mettre fin au débat byzantin assimilé par Sos-Racisme à un « espace de libération de la parole raciste ». Pour les signataires, parmi lesquels figurent les comédiennes Isabelle Adjani et Josiane Balasko, l'acteur Yvan Attal, la chanteuse Jane Birkin, ou encore des intellectuels comme l'historien Benjamin Stora et l'essayiste Bernard-Henri Levy, «les propos racistes tenus lors des réunions organisés par les préfectures sont d'autant plus graves que l'Etat vient apposer sa légitimité à l'expression des pensées qui n'ont pas lieu d'être dans l'espace public». L'onction gouvernentale à la dérive xénophobe, autorisée par le Ministre de l'immigration et de l'identité nationale, Eric Besson, jusqu'à «fin 2010», nourrit la controverse sur l'enjeu et le rôle de «l'exécuteur des basses œuvres » et « l'inspirateur » dénoncé, en ses termes crus par le député du PS du Doubs, Moscovici, dans une intervention sur les ondes d'Europe 1. Plus explicite, le député socialiste de Seine-Martine, Laurent Fabius, tente de recentrer le débat. Sur France 5, il a déclaré que « je vois des gens venir dans mon bureau pour me parler emploi, sécurité sociale, pour me parler de problèmes associatifs, je n'ai jamais vu quelqu'un entrer dans mon bureau en disant « monsieur Fabius, j'ai un problème d'identité ». dans les rangs de la droite, des personnalités influentes, à l'image de l'ancien Premier Ministre Alain Juppé, du haut commissaire aux solidarité actives au gouvernement, Martin Hirsch et le commissaire à la diversité, Yazid Sabeg, ont réfuté la pertinence d'un débat source de dérapages et de divisions. Il reste les héritiers serrant en bons élèves les rangs pour défendre le navire gouvernemental qui tangue dans le flot incessant de critiques. C'est que le plan de Sarkozy, promettant à la veille du tour des présidentielles, le 21 avril 2007, de «siphonner» les voix du Front national, prend eau de toutes parts en vagues d'intolérance incessante qui, de l'avis de Lionel Jospin, abîme l République » et « dégrade l'image e la France ».La boite de Pandore est ouverte dans ce terrible glissement sémantique qui affecte l'équilibre social et affecte dangereusement les fondements et les valeurs de la République française. Le débat sur l'Identité, consacrant le triptyque « identité-Immigration-Islam », engage une impasse historique d'ou il sera difficile de s'extirper. Au mieux, un « défouloir qui échappe à tout contrôle », selon Yazid Sabeg, commissaire à la diversité et à l'égalité des chances. Dans son éditorial du 16 décembre, le quotidien «Le Monde» estime que «le rôle et la responsabilité du président sont de faire en sorte que la République rassemble les Français plutôt que les dresser les uns contre les autres, intègre au lieu d'exclure, se nourrisse des différences plutôt que les exacerber, réduise les inégalités plutôt que les creuser. Nicolas Sarkozy s'honorerait donc d'admettre son erreur. Et de la corriger». Pour se ressaisir.