Sur 1321 produits recensés, la rupture a touché plus de 50% des médicaments essentiels. La rupture de médicaments essentiels dans les pharmacies semble s'accentuer au niveau de tout le territoire national. Les malades ne savent plus à quel saint se vouer d'autant que les traitements sont pratiquement interrompus pour certains. La politique menée jusque-là pour le médicament par le département de Amar Tou bute chaque jour sur des contradictions prônées par ce même département. Malheureusement, elles sont fatales pour les malades et le marché du médicament. L'instruction du président de la République portant sur la mise à la disposition de tous les malades les médicaments « même les plus chers », notamment pour le traitement des maladies chroniques (cancer, hépatites, etc.) est appliquée à moitié. Des millions de dinars ont été débloqués pour assurer des programmes de lutte contre certaines maladies, mais le département de Tou a invité les importateurs à réduire leurs importations par rapport à l'année dernière de 30 à 50%. Un système de quota est donc imposé. L'objectif recherché est clair : « Réduire la facture des médicaments à l'importation », ne cesse-t-on de répéter. Mais qu'a-t-on prévu en cas de rupture ? Rien. Depuis l'instauration de toutes les nouvelles dispositions réglementaires, les malades et les pharmaciens sont confrontés à une situation dramatique. « Certains médicaments sont en rupture depuis au moins deux mois et les stocks sont épuisés », fait remarquer un pharmacien. « D'ailleurs, poursuit-il, depuis cette perturbation du marché, des pratiques frauduleuses ont fait leur apparition telle la vente concomitante sévèrement punie par la loi ». « Nous sommes obligés de prendre chez des grossistes des produits dont la date de péremption est proche pour avoir deux ou trois boîtes du médicament manquant », a-t-il ajouté en regrettant qu'aucun contrôle n'est effectué à ce niveau. Pour une meilleure évaluation de cette accablante situation, le Syndicat national des pharmaciens d'officine (Snapo) a mené une enquête auprès de 200 pharmacies au niveau de toutes les wilayas du pays. Cette enquête est, selon M. Keddad, membre du bureau national qui a coordonné cette étude, la synthèse d'une communication régulière entre presque 200 pharmaciens répartis à travers les wilayas du pays. « Cet échange a eu lieu par internet sur un forum créé entre pharmaciens », a-t-il précisé avant de signaler que la rupture touche toujours certains produits. « Pas plus que ce matin (hier, ndlr), j'ai dû contacter les collègues pharmaciens à la recherche d'un médicament demandé par un patient en urgence. Il s'agit de Pentasa en comprimés utilisé pour traiter les hémorragies du côlon », a-t-il indiqué. Ainsi, pour lancer l'étude en question, le Snapo a retenu la définition selon laquelle « un médicament est considéré en rupture lorsque des officines ne peuvent pas se le procurer. Ainsi, si sur 100 officines, 50 ne peuvent pas obtenir le médicament, celui-ci est considéré en rupture ». Sur 1321 produits recensés, le taux de rupture varie d'une gamme de produits à une autre. Elle est évaluée sur trois paliers. Ainsi, la rupture a touché plus de 50% des médicaments essentiels dans le traitement de certaines maladies, à savoir en cardiologie, en pneumologie, en diabétologie et maladies digestives dont les génériques sont indisponibles pour certains. Pour ce premier palier, 105 produits sont concernés par cette perturbation. Le deuxième palier variant entre 20 et 50% a touché 452 produits alors que 410 médicaments d'autres classes thérapeutiques ont eu des ruptures inférieures à 20%. Les résultats de l'étude ont également montré que 353 produits dont certains médicaments produits localement par Saidal et les producteurs privés n'ont connu aucune rupture depuis le mois de janvier, début du lancement de cette étude. Concernant les prix des médicaments, notre interlocuteur a souligné qu'ils ont également connu une hausse. A titre d'exemple, deux classes thérapeutiques montrent bien cet état de fait. Le prix moyen des médicaments en cardiologie, précise M. Mokdad, était de 389 DA en 2002. Il est passé à 635 DA en 2005 pour grimper à 1030 DA en 2007. « La hausse a été de 63% » pour cette catégorie de médicaments. Pour la diabétologie, le même constat a été fait. De 219 DA en 2002, il (le prix moyen d'un médicament) est passé à 488 DA pour atteindre, en 2007, 901 DA.