Un village devenu célèbre par sa nouvelle cimenterie, ouverte dans les années soixante-dix, et qui devrait, selon nombre de spécialistes, fermer ses portes faute d'adaptation de l'exploitation aux normes modernes de lutte contre la pollution pour ce genre d'activité. Près de 600 travailleurs pourraient perdre leur emploi ; mais existe-t-il un prix pour la santé des enfants ? « Et si l'usine était implantée à El Biar ou Ben Aknoun ? » cria presque un des membres fondateurs de l'association, M. Amrouche, qui aimerait bien avoir la réponse du ministre à ce sujet. Plusieurs requêtes avaient été adressées à tous les responsables, le ministre de l'Environnement en premier. Les membres de l'association affirment qu'aucune réponse, même négative, n'est venue de ce ministère. Des familles habitant la carrière dépendant de la cimenterie occupent les hauteurs d'où le panorama offert à la vue ne fait pas plaisir à voir : les nuages de fumée semblent s'arrêter juste au-dessus des têtes et les quelques moutons rachitiques broutaient une herbe grisâtre, salie par cette poussière pénétrant partout. « Même nos vergers ont subi un coup fatal, puisque la fécondation ne peut avoir lieu en son temps, les spores se trouvant bouchées », révélera un médecin spécialiste, M. Sifi, luttant également pour la fermeture de la cimenterie ou, à tout le moins, pour la doter en dispositif anti polluant. « La technologie n'est pas maîtrisée puisque l'électrofiltre acheté il y a dix ans n'est pas opérationnel, et on nous dit que la société Lafarge sera bientôt là, ayant acheté 35% des parts de l'entreprise. » Il est appris qu'il faudra encore inhaler cette poussière durant une année : « La patience a ses limites » concluera le médecin qui invite « Samasafia » à venir à Meftah mesurer le degré de pollution de l'environnement. Les puissantes charges de dynamite ont fissuré et ébranlé des habitations, sans parler de la population, marquée notamment par les effets du séisme du 21 mai 2003. Un premier avertissement de la population avait été donné à la fin du mois dernier quand les élèves des établissements scolaires avaient refusé la levée des couleurs. Un habitant de la carrière, par où passent les rails transportant la roche nécessaire à l'usine jura que « le président de la République n'est pas au courant de la gravité de la situation parce qu'on lui cache la vérité, et les responsables locaux avaient procédé à la fermeture de l'usine cinq jours avant sa visite à la commune et ils avaient tout lavé : rues, arbres, murs afin de ne laisser aucune trace de ce poison ». Comment retrouver un air moins pollué, une verdure aux couleurs naturelles, dans cette ville qui s'apprête à fêter le cinquantenaire de l'assassinat du moudjahid Kahchouche Saïd dit Meftah, originaire de cette contrée qui porte son nom de guerre ? Un champion d'Afrique 2005 de judo s'entraîne dans un garage, Driouech de la JSK et le gardien de handball de l'équipe de Bordeaux, Ghoumal Khaled, avaient d'abord porté les couleurs du Widad local, créé en 1948. Ce même club prépare actuellement ses rencontres de football dans un quartier, faute de stade décent. 65 000 habitants, selon les chiffres récents du dernier recensement, et des problèmes à n'en plus finir pour occuper — au moins — la jeunesse : retard accusé dans la réception des équipements sportifs, inexistence d'une salle de sports et … « des députés viennent rendre visite aux responsables locaux pour quémander des logements participatifs, leur « quota » en logements sociaux au lieu de s'occuper de nos problèmes », lâchera amèrement M. Amrouche, un ancien élu de l'APC.