Au jeu de la vérité chez nous, il y a de quoi rester sans voix. Dans le meilleur des cas, c'est plutôt « langue au chat contre langue de bois ». Les gouvernants algériens persistent encore en 2008 à vouloir dissimuler à leurs concitoyens ce qui les concerne au premier chef. Une tendance qui ne date pas d'hier et qui remonte au moins à l'assassinat de Abane Ramdane. Le complexe du complot hante encore les esprits. Les communiqués officiels laconiques, et autres démentis rédigés à « l'emporte- pièce », lus à la radio ou à la télévision, ne font qu'accentuer au sein de l'opinion publique le déficit de crédibilité à l'égard des dirigeants et de tous ceux qui incarnent le pouvoir. Le plus grave, c'est que cela s'accompagne souvent d'une perte de confiance des citoyens. Faut-il alors s'étonner que la panique prenne le dessus, comme ce fut le cas au cours de cette folle journée vécue lundi dernier par une bonne partie des Algériens. Des agences de presse, des chaînes de télévision arabes et européennes ont diffusé des informations contradictoires qui ont provoqué un véritable climat de psychose, alimenté par des rumeurs d'attentat à Alger et à Bouira. Une situation amplifiée par l'attitude timorée des services sécuritaires qui n'ont réagi qu'après plusieurs heures alors que la rumeur avait déjà fait « son œuvre » ouvrant la voie à une véritable panique parmi la population d'Alger et d'ailleurs. Il y a là, avouons-le, de quoi méditer sur l'autorité de l'Etat, sa crédibilité dans la gestion d'une situation sécuritaire qui n'est pas nouvelle. C'est comme si nos officiels, nos responsables n'ont découvert la réalité des attentats que lundi dernier. Il est trop facile, pour dissimuler cette incurie, d'accuser les agences de presse, les journalistes, de manque de professionnalisme, etc. et de les vouer aux gémonies. Que dire par ailleurs des propos d'un chef du gouvernement qui jure par tous les saints et les marabouts du pays que la révision de la Constitution aura lieu dans un mois au plus tard, démentis en moins de 24 heures après par le porte-parole de l'Exécutif, affirmant que celle-ci n'était pas encore à l'ordre du jour. Une situation qui prête à sourire pour ne pas dire plus. Pour sa 41e édition, la Foire internationale d'Alger a raté son inauguration. Celle-ci a été reportée de 48 heures. « Agenda diplomatique oblige », telle est la raison officielle avancée par le ministre du Commerce. Résultat : la manifestation a été écourtée de deux jours, ce qui a pour conséquence de provoquer un véritable cafouillage et soulever une batterie d'interrogations. Un tel raté est-il possible et admissible 41 ans après dans l'organisation de ce qui a été la première manifestation économique internationale organisée après l'indépendance en 1964. On ne peut invoquer le manque d'expérience et la nouveauté de l'événement pour les organisateurs, 44 ans après la première édition. Quant au motif du report, lié à la présence du Premier ministre portugais qui doit participer à l'inauguration de la foire, accompagné de Abdelaziz Bouteflika, il est plutôt incongru ; et ne semble pas avoir convaincu tous ceux qui pensent que la raison de ce report se trouve ailleurs. Toujours est-il que le fait est là : c'est sans doute la première fois que l'ouverture de la Foire internationale d'Alger a été retardée de cette manière au grand dam des partenaires étrangers participant à l'événement. Autant d'événements et de situations inexplicables donnent l'impression que les dirigeants et autres responsables de l'Etat font, dans le plus simple amateurisme, le laxisme et toutes les autres tares en « isme ». Une chose est sûre par contre : il leur est difficile de retrouver la crédibilité perdue des institutions.