Annoncée en fanfare en 2001 avant d'être suspendue à deux reprises, à la surprise générale, la privatisation du Crédit populaire d'Algérie (CPA) n'est pas pour demain. Intervenant, hier, lors d'un point de presse consacré à la présentation de sa nouvelle offre de service, e-banking, Mohamed Djellab, PDG du CPA, a laissé entendre que le processus d'ouverture du capital de cette banque est remis au placard. Du moins pour l'instant ! « Des banques dans le monde, notamment américaines, sont au bord de la faillite. Ces événements nous dictent à rester vigilants », affirme-t-il. Et de s'interroger : « Que dirions-nous à nos clients si au lendemain de la privatisation, celle-ci allait vers la faillite ? » Ces déclarations teintées de circonspection vont dans le sens de la position du gouvernement, lequel avait affirmé par la voix de Fatiha Mentouri, ministre déléguée à la Réforme financière, que les autorités financières attendent la publication des comptes des banques préqualifiées pour la reprise du CPA pour avoir « une idée précise sur l'impact de la crise des subprimes sur la situation financière de ces banques et sur leur stratégie de développement en Algérie ». En clair, deux options se posent : si les autorités financières algériennes décident avant juillet 2008 de relancer le processus de privatisation, celui-ci sera repris au stade où il s'était arrêté en novembre 2007. Mais, au cas où la décision de relancer la privatisation serait décidée après juillet prochain, le processus de privatisation serait alors repris depuis le début. Fait notable : M. Djellab n'a ni infirmé ni confirmé l'abandon du processus en question par les pouvoirs publics. S'agissant, par ailleurs, des salaires des employés, M. Djellab précise qu'ils ont été augmentés de 13%. Ces majorations visent à endiguer les départs intempestifs des cadres qualifiés vers d'autres institutions bancaires privées où les offres sont aguichantes. E-banking : l'accès à distance Les responsables du CPA ont présenté au siège de leur banque leur « nouveau-né » : e-banking, une offre de service qui propose de mettre en ligne le client avec le CPA. Ainsi, quatre mini-services sont concentrés dans cette offre, la première en Algérie, s'enorgueillit M. Djellab. Avec un abonnement des plus symboliques aux différentes offres (téléphone, fax, SMS ou internet), le client affilié au CPA aura, en premier lieu, l'embarras du choix d'avoir un regard « virtuel » sur ses propres comptes, disposer des payements de factures ou réaliser des opérations bancaires. La seconde étape de l'opération consiste en l'élargissement de l'utilisation du e-banking aux transactions bancaires. Rassurant sur l'efficacité et la sécurité de cette offre, M. Djellab soutient que le CPA s'est aligné sur les standards internationaux en termes de sécurité. « On n'a pris aucun risque », observe-t-il. Selon le conférencier, ce service, lancé en ce mois de juin, est déjà disponible dans 25 agences, puis, dans 2 semaines, ensuite il y sera dans 55 agences avant d'être généralisé aux 134 agences CPA à travers le territoire national. Il relève aussi que le CPA a distribué quelque 10 000 cartes domestiques, soit le tiers des cartes présentes sur la place bancaire. Dans le même ordre d'idées, M. Djellab note que chaque agence CPA couvre au moins 10 000 habitants alors que la norme mondiale est d'une agence pour 1000 habitants. Déjà, les dirigeants du CPA se fixent l'ambition de doubler le nombre des agences pour atteindre le chiffre de 300. Selon M. Djellab, la densification de son réseau d'implantation est entourée par contre d'un « environnement hostile », à savoir les difficultés de disposer de locaux, des ressources humaines qualifiées et du souci de la rentabilité. A cet effet, il révèle que 5% de la masse salariale de la banque sont consacrés à la formation tous azimuts. Sur un autre plan, l'orateur souligne que le CPA a mis en place 100 distributeurs automatiques de billets (DAB), 1300 terminaux de paiement électronique (TPE) et 7 distributeurs à l'international, notamment à l'hôtel Hilton, El Djazaïr et Sheraton. D'autres DAB sont également installés dans les aéroports et les ports internationaux (Alger, Annaba, Oran, Béjaïa, Ghazaouet et Skikda).