Les besoins financiers de la lutte antiacridienne de la phase printanière dans la sous-région du Maghreb ont été évalués à 192 millions de dollars par les experts de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), a indiqué hier Abdeslam Chelghoum, secrétaire général du ministère de l'Agriculture et du Développement rural et président de la cellule de crise instituée au niveau de ce département ministériel. Quelque 100 millions de dollars seront assurés par les fonds des Trésors publics des pays concernés alors que la FAO devra pourvoir environ 4 millions de dollars. Un appel a été lancé à l'intention des pays donateurs et des bailleurs de fonds pour combler le reste. Mais au vu de la mobilisation timide de la communauté internationale après l'appel de la FAO au profit des pays du Sahel, il est à craindre que ce SOS de l'organisation onusienne ne connaisse le même scénario. En effet, sur les 100 millions de dollars qu'avaient sollicités la FAO il y a quelques mois, seuls 56 ont été consentis. Par ailleurs, au niveau de l'activité acridienne, une régression des infestations a été constatée en ce mois de décembre, selon Abdeslam Chelghoum. Désormais, les infestations sont concentrées dans les wilayas de l'extrême Sud qui constituent le premier front de lutte antiacridienne selon le dispositif mis en place par les pouvoirs publics. En prévision de la phase printanière qui s'annonce difficile, un plan d'intervention préventive en Mauritanie a été adopté. La zone ciblée par ce dispositif est le nord de ce pays considéré par les spécialistes comme étant une zone de reproduction assez dangereuse. Les efforts seront redéployés dans cette région, selon le conférencier, afin de réduire le risque d'infiltration de population acridienne durant la très redoutée phase printanière annoncée pour la deuxième quinzaine de février. Le dispositif mis en place conjointement avec les autorités mauritaniennes comprend 15 équipes de prospection, dont 9 algériennes, deux aéronefs et 70 équipes d'intervention. Deux bases logistiques, l'une à Tindouf et l'autre à Atar (Mauritanie), ont été installées. Le secrétaire général du ministère de l'Agriculture a fait savoir qu'une « réflexion a été engagée par des experts de la FAO pour élaborer une stratégie afin de casser le cycle biologique de reproduction du criquet pèlerin durant une longue période pour protéger les territoires » du Maghreb et de l'Afrique de l'Ouest, touchés d'une manière récurrente par ce fléau. Pour ce qui est de la phase automnale, un peu plus d'un million d'hectares ont été infestés en Algérie, dont 677 000 ha rien que durant le mois de novembre où « une recrudescence anormale », selon les termes de Abdeslam Chelghoum, a été enregistrée en raison de conditions climatiques favorables. Des essaims de criquets avaient, contre toute attente, atteint le nord du pays, plus précisément les wilayas de Tlemcen et de Sidi Bel Abbès.