Omar El Béchir, réélu en avril dernier par 68,24% des voix à la tête du Soudan prêtera serment aujourd'hui pour un nouveau mandat de cinq ans. Tout le monde reconnaît que ce mandat sera difficile, tant les problèmes à résoudre, notamment l'échéance à haut risque du référendum sur l'indépendance du Sud-Soudan, prévu le 9 janvier 2011 et le processus de paix du Darfour qui piétine, sont nombreux et complexes. Ahmed Ibrahim Tahar, le président du Parlement, préconise de travailler sur deux axes. Un, expliquer aux « sudistes » que leur intérêt réside dans l'unité du Soudan et que la sécession n'apportera que la division et la guerre. Même si le président El Béchir a annoncé qu'il respecterait le choix des sudistes, les ténors du Congrès national ne semblent pas disposés à se départir d'une partie de leur pays. Deux, convaincre les mouvements politiques qui activent au Darfour que le langage des armes et les tueries n'ont pas répondu aux revendications populaires. Si le processus de paix du Darfour est à deux doigts de s'effondrer avec la reprise des affrontements et la «suspension» des négociations, les résultats du référendum sur l'autodétermination du Sud-Soudan qui se tiendra conformément à l'accord de paix de 2005, semblent, selon plusieurs analystes, évidents. «On se dirige, disent-ils, vers une séparation». Pour arguments, ils citent le plébiscite de Salva Kiir, comme président du Sud-Soudan, l'élection de neuf de ses partisans aux dix postes de gouverneurs au Sud et des députés à l'Assemblée législative du Sud-Soudan, favorable à la séparation. Même s'ils savent que le Sud, où le fanatisme, les divergences et les conflits entre les tribus sont prépondérants, ne possède pas tous les critères requis pour créer une entité indépendante. Salva Kiir aura gérer les relations avec le Nord et la région. Avec Khartoum, il doit trouver rapidement des réponses au traçage des frontières, à la répartition des recettes du pétrole, à la situation des sudistes au nord et ceux du Nord au Sud et la dette extérieure du Soudan. Sur le plan régional, cette séparation synonyme de la naissance d'un nouvel Etat pèsera dans les prochains accords sur la répartition des eaux du Nil et changera à moyen terme l'équilibre politique et stratégique dans la Corne de l'Afrique. «Si rien ne change, on va vers l'indépendance du Sud-Soudan. C'est un problème majeur pour tous les pays africains qui peuvent être confrontés à des situations similaires, c'est donc pour nous une préoccupation. Cette décision peut nous amener encore vers un certain nombre de difficultés majeures, y compris la guerre. Il faut tout faire pour que la situation post-référendum amène le Soudan à ne plus connaître la violence ou à ne plus s'orienter vers des directions qui vont mettre le feu aux poudres», estime Jean Ping, le président de la Commission de l'Union africaine.