Hier, les habitants n'ont pas seulement souffert des désagréments de la chaleur ; il fallait également trouver un moyen de transport. Les propriétaires des minibus, qui assurent la desserte (un peu plus de 390) dans le périmètre urbain, sont en grève depuis le 3 juin. Consolation pour les citoyens : les moyens de transport pour rejoindre les cités balnéaires comme Aokas, Tichy ou Melbou ne sont pas concernés par ce débrayage. Les propriétaires de bus avaient décidé d'augmenter de 5 DA le prix du ticket. Une mesure qui n'a pas été du goût des usagers dont certains ont carrément obstrué la voie publique pour exprimer leur mécontentement. Celui-ci avait été exacerbé par le choix de la date de la grève entamée le jour du bac. En début de semaine, une décision de reprise du travail par ces transporteurs, en maintenant la nouvelle tarification de 15 DA, a été perçue par les citoyens de la ville comme une provocation. Cela avait poussé des jeunes à dresser des barricades à l'aide d'objets hétéroclites empêchant tout déplacement des bus. Depuis, le conflit semble s'enliser même si une ligne, la 22, qui dessert Sid Ali Lebhar, fonctionne normalement. Ailleurs, c'est la croix et la bannière. « Ou c'est le taxi ou c'est la marche à pied », nous dit un jeune qui travaille chez Candia. Pour rejoindre la ville à partir de la nouvelle gare routière, il faut débourser 200 DA. Les autorités semblent avoir opté pour une solution qui soulage plus qu'elle ne résout le problème. Elles ont renforcé le parc de l'ETUB, entreprise équivalente à l'Etusa, par une dizaine de nouveaux bus qui sont pris d'assaut. « Nous avons certes un tarif de 15 DA depuis longtemps mais on est mieux que les privés », estime ce chauffeur. L'offre paraît toutefois dérisoire et les usagers sont nombreux à attendre sous un soleil de plomb. « Ces bus sont certes un soulagement mais ils n'arrivent pas à répondre à la demande et ne se desservent pas tous les quartiers », déplore un voyageur. Cette grève est vécue comme un motif d'insatisfaction par les habitants qui regrettent tant de retards et de négligences dans une ville dont la beauté des sites ne suffit plus à faire une destination touristique. « Notre environnement se dégrade à vue d'œil, la circulation est un calvaire et les travaux s'éternisent partout comme au quartier Aamriw qui sera traversé par une trémie », confie un cadre d'une banque publique. Bejaia n'offre plus le visage d'une cité propre et moderne mais une ville rongée par l'anarchie urbaine et la négligence qui amochent même ses sites les plus emblématiques comme les Aiguades et la place Gueydon.