Le groupe Azaris a remporté la première distinction, le groupe Awal s'est adjugé le deuxième prix, tandis que le troisième est revenu au groupe Aglan. Les participants à cette manifestation culturelle se sont donnés rendez-vous pour l'année prochaine. Malgré le caractère festif de cette édition, les organisateurs de cet évènement ont réussi en même temps le pari d'offrir aux nombreux participants un espace de débat et de réflexion sur la chanson kabyle. Des spécialistes de la musique, de la chanson kabyle et de la culture amazighe, à l'image de Rachid Mokhtari et Abdenour Abdeslam, ont décortiqué lors de leurs brillantes interventions le contexte dans lequel est née la chanson engagée ainsi que le message qu'elle véhicule. En quête d'informations sur sa culture millénaire, le public, faut-il le souligner, a accueilli avec un grand intérêt toutes les communications. Les organisateurs ont été unanimes à affirmer que cette édition s'inscrit dans le même esprit que les précédentes. Elle vise à faire perdurer, en le ressuscitant, un héritage qui a gagné le rang de l'universalité grâce au génie des pionniers, dont Taos Amrouche et Iguerbouchen. C'est dire que cette édition, tout en rappelant le parcours des anciens, non pas par nostalgie, mais en pensant à ce qui devra se faire ultérieurement, se veut une passerelle entre l'ancienne et la nouvelle générations. Il est à souligner, par ailleurs, que l'hommage rendu à Youcef Abjaoui, grande figure de la chanson chaâbie kabyle, a constitué le point fort de cette cinquième édition du festival de la musique et de la chanson kabyles. Rachid Mokhtari, écrivain et critique littéraire, a présenté, mercredi dernier, une communication sur « Slimane Azem, entre poésie et chanson ». Le conférencier n'a pas mis l'accent sur la thématique de l'exil telle qu'elle a déjà été traitée, mais a proposé une analyse critique d'un aspect du répertoire du chanteur populaire, notamment sur les chansons dans lesquelles le chanteur exprime une autocritique de sa posture de chanteur et, surtout, de poète. M. Mokhtari s'est aussi interrogé sur la perception des deux entités esthétiques, la chanson et la poésie, chez Slimane Azem. Se basant sur l'approche qu'en fait Ibn Khaldoun dans son livre « Moukadima » « Les prolégomènes », M. Mokhtari a abordé un sujet qui n'a pas été exploité dans les approches sémantiques des répertoires de la chanson de l'exil en général et du corpus des chansons de Slimane Azem en particulier. Dans son intervention brillante, en critique littéraire qu'il est, M. Mokhtari a saisi l'occasion pour rappeler l'origine de la chanson de l'exil, mais aussi, et surtout, les sources d'inspiration des premiers textes relevant de ce genre. Le lendemain jeudi, Boudjemaa Rabah, animateur, a animé une conférence sur « la radio Bougie 1946-1962 ». Pour faire connaître au public les premiers moments de l'aventure de la radio de Bejaia, l'intervenant a retracé avec force détails l'histoire de la radio de la ville éponyme en remontant jusqu'aux périodes d'essais, à savoir celles qui ont vu naître la première chorale féminine de la chanson kabyle. Notons qu'en plus des ateliers de musique dédiés uniquement aux enfants âgés entre huit et seize ans, des conférences thématiques traitant de la chanson et de la musique kabyle, des soirées artistiques ont été animées durant tout le festival aussi bien à l'esplanade de la maison de la culture Taos Amrouche qu'à travers plusieurs communes.