Sous le titre générique « Cinquante ans de médias : questions d'histoire, réalités et défis de liberté d'expression », une rencontre s'est tenue, deux jours durant, à la salle Zinet de l'Oref en présence de chercheurs et experts, certains, comme Bensalah ou Ahcene Djaballah, étant familiers de ce genre de forums. Hier, les participants ont eu l'agréable surprise de compter à la première rangée le ministre de la Communication, Mohamed Saïd, très attentif aux différentes communications. « Je suis venu écouter et apprendre », dira-t-il. Organisée par l'association « les Amis de Abdelhamid Benzine », la rencontre, ouverte samedi, a regroupé des journalistes et universitaires qui ont abordé les évolutions de la presse écrite de 1830 à 1954 et celles du paysage médiatique national de 1962 à 2012. L'histoire a été, notamment, revisitée par M. Himeur qui a évoqué « la presse écrite de 1830 à 1954 » et Kamel Sadou (Université d'Alger) qui, tout en relevant « l'absence d'un projet politico-social cohérent dans le pays », assimilera le tsunami du néolibéralisme en matière d'information à « une méthodique déconstruction de la souveraineté nationale ». Selon lui, « les intellectuels ont perdu pied et ont été très tôt écartés au profit des courants plébéiens ». D'autres thèmes ont été abordés, comme « la régulation du marché de la presse écrite » et la presse d'expression amazighe. Le thème « La communication d'expression amazighe en Algérie : un outil pour promouvoir tamazight et consolider l'identité nationale » a été développé par M. Bedreddine, conseiller du DG de la Radio nationale. La réalité dans ce domaine se décline, relève-t-il, dans « l'insignifiante presse écrite » et une « radio précurseur et locomotive de la communication ». Les intervenants ont, également, traité du journalisme d'investigation, de la presse scientifique. Notre consœur, Salima Tlemçani, parlant du premier, dira que « la difficulté d'accès aux sources d'information et les représailles contre ceux qui divulguent l'information en limitent la pratique dans notre pays ». Hier, le secteur de l'audiovisuel, qui connaît, à la faveur de l'explosion d'internet et de la diffusion satellitaire, de profondes mutations, a pris la part du lion. Deux enseignantes associées à l'Ecole supérieure du journalisme ont présenté une communication très fouillée sur les journaux de deux chaînes privées, El Djazaïria et Ennahar TV. Mme Kebour et Mme Malika Boukhari ont passé au crible ces rendez-vous pour en relever les angles de traitement de l'information, sa hiérarchisation. Lors du débat, un intervenant s'interrogera sur les sources de financement de ces chaînes et fera remarquer qu'un « financement à 100% algérien n'est pas en soi une garantie de professionnalisme ». D'aucuns ont déploré l'inexistence d'un syndicat fort et représentatif de la corporation et les retards constatés dans la promulgation de lois dans les domaines de la publicité et la fragilité des correspondants. Le colloque, marqué par une bonne organisation, est un hommage au regretté Abdelhamid Benzine, un grand militant au PPA-MTLD de 1940 à 1951 et au Parti communiste algérien (PCA) en 1953. Il a rejoint en 1955 le maquis. En 1962, il reprend ses activités au PCA puis au PAGS et dirige, en tant que rédacteur, Alger républicain. L'homme a été l'auteur de deux livres qui évoquent son parcours de nationaliste et de prisonnier, condamné à 20 ans de travaux forcés.