Des imitateurs d'El Anka ? Y en a à la pelle. Des plus célèbres, les vieux briscards tels, Mehdi Tamache, le défunt Hassan Kaouane ou encore, à sa manière, Kamal Bourdib, Djamal Ferdjallah, Hsissen Saâdi...aux plus jeunes loups ayant pour nom Mohamed Ladoui, Djamal Chaïb, et, bien sûr, l'inévitable Mustapha Belahcene, le fameux Ghelizani, dont nombreux, sont ceux qui lui trouvent des ressemblances avec le grand maître. Pour autant, parmi ce magma ankaoui qui font main basse sur la scène d'Alger, évoluent d'autres artistes, de la même veine, parfois d'un talent meilleur, mais dont l'allergie aux feux de la rampe, les a rendus pratiquement d'illustres inconnus. Sid Ali Drissi, en est l'exemple idoine. Lui qui n'est pas de la dernière pluie. Lui qui du haut de ses 59 ans, fort d'une carrière de plus de quarante dans les arcanes du Chaâbi, mène son petit bonhomme de chemin sans tambour, ni trompette. Pourtant, tout plaidait en faveur d'une carrière qui allait le placer au cœur de l'élite ankaouie, tant le talent y est patent. Son histoire avec le Chaâbi, remonte au lendemain de l'indépendance, à Belcourt, bastion de la résistance et fief de ce patrimoine musical. C'est là qu'il se frotta à une foule de musiciens, tels que les frères Kaouane qui finirent bien par l'initier à l'instrument qu'il ne quittera jamais, plus jamais. Avec quoi, il intègra les rangs de l'ancienne annexe du Conservatoire d'Alger (aujourd'hui siège de l'UGTA). Sa première fête familiale, il l'a animée alors qu'il n'avait pas encore 18 ans. Et depuis... Khlas, le Chaâbi est pour Sid Ali, ce qu'est un rouge à lèvres pour une femme. Aujourd'hui, il continue à traîner très loin, très loin son train train chantant et enchantant, loin des cénacles fermés et hermétiques de cette musique. Avec la même humilité, le talent identique. Ce qui a toujours fait de lui un artiste très aimé. Voire un peu trop même.