« L'expérience de l'Algérie en matière de lutte antiterroriste est une expérience de référence basée sur une intelligence globale, reposant sur l'Armée nationale populaire », a souligné, hier, le ministre des Affaires étrangéres, Mourad Medelci qui était l'invité de Radio Algérie internationale. Il a expliqué que l'ANP, qui a fait ses « preuves », a un « ancrage profond chez la population », soulignant que « cette symbiose entre le peuple et l'armée a fait que l'Algérie a pu vaincre le terrorisme à l'intérieur de nos frontières ». Evoquant la lutte antiterroriste dans les pays voisins, Medelci a rappelé que bien avant les événements de Libye, l'Algérie avait appelé à « lutter ensemble » contre ce fléau transnational, ce qui avait donné naissance au concept des pays du champ (Algérie, Mauritanie, Niger et Mali). Il a rappelé que c'est l'Algérie qui avait organisé la première réunion des MAE des pays de la région sur cette question, avec pour thème « sécurité et développement ». Le ministre a estimé qu'il n'y a jamais de solution basée sur les questions de sécurité sans qu'elle soit associée au développement, précisant qu'il s'agit d'un « couple (sécurité et développement) à cultiver, à bâtir et consolider ». La Libye doit construire de nouvelles institutions Il a ajouté qu'en plus des pays du champ, d'autres partenaires ont été sollicités tels que les Etats-Unis d'Amérique, la Russie et l'Union européenne, lors de la conférence d'Alger (septembre 2011), laquelle avait conclu que la solution au Sahel doit être « globale » et basée sur la sécurité et le développement. « Après les événements de Libye, le Sahel, qui était une priorité, est relégué au second plan, pour nous retrouver à présent avec le même problème qu'en 2010, mais multiplié par dix », a-t-il relevé. Sur la situation en Libye, M. Medelci a estimé que ce pays doit aller vers « la construction de nouvelles institutions », et que cela doit se faire par les Libyens et sans intervention étrangère. « Ces institutions doivent consacrer le caractère unitaire de la Libye », dont le gouvernement maintient des contacts permanents avec l'Algérie, a affirmé le ministre, soulignant que l'axe prioritaire dans la coopération avec ce pays consistait en la sécurité. Préserver l'unité et l'intégrité territoriale du Mali Pour ce qui est du Mali, le ministre a estimé que les Maliens doivent « se reconnaître dans les actes de gouvernance du futur », de manière à ce que « le Nord n'ait pas l'impression d'être marginalisé et que le Sud ne considère pas le Nord comme un corps étranger ». Il a ainsi appelé les Maliens à construire ensemble « le Mali de demain », soulignant que la ligne rouge à ne pas franchir concerne l'unité nationale et l'intégrité territoriale. A ce propos, il a estimé qu'« il n'est pas question que l'élection présidentielle (28 juillet) soit organisée sans qu'une partie ne participe pas ». « Nous lançons un appel pour qu'un compromis puisse permettre aux uns et aux autres de réunir des conditions permettant à ce rendez-vous électoral d'avoir lieu, y compris à Kidal », a ajouté. M. Medelci, assurant que l'Algérie continuera d'apporter sa contribution pour la phase de médiation de dialogue sur le futur du Mali. M. Medelci a affirmé, par ailleurs, que l'Algérie ne renoncera pas à son rôle « traditionnel » de médiateur en direction du Mali, un pays « cher à l'Algérie et à son président de la République », a-t-il fait observer. Evoquant le dossier du Sahara Occidental, le ministre a insisté sur l'organisation d'un référendum d'autodétermination, déplorant, à ce sujet, « le manque de prise de conscience » au sein du Conseil de sécurité de l'ONU de « l'urgence » que revêt la mise en œuvre de ce processus référendaire. Sahara Occidental : pour une solution conforme à la légalité internationale Il a estimé, toutefois, que « l'Union africaine qui s'était dessaisie du dossier, l'a repris depuis une année pour mieux appuyer les efforts du système des Nations unies ». Il a également lancé un appel au Maroc et au Front Polisario pour aller vers une « solution conforme à la légalité internationale, juste et durable ». Dans le même sillage, il a estimé que l'Union du Maghreb arabe « doit se pencher sur le chapitre de la sécurité », relevant que l'UMA avait travaillé, depuis sa création, sur les aspects économiques. « Depuis un an, les conditions de notre environnement nous ont imposé d'organiser une coordination et une synchronisation de nos capacités de lutte (contre le terrorisme) ainsi que sur la stabilité de la région », a-t-il dit. Dans ce sens, il a indiqué que la coopération sécuritaire dans la région se décline sur plusieurs faisceaux avec notamment une meilleure prise en charge de la jeunesse et une meilleure compréhension de l'islam. A une question sur l'effacement de la dette par l'Algérie d'un nombre de pays africains, il a indiqué qu'il s'agit d'une « initiative du président de la République » qui va dans le sens d'apporter une contribution active à l'Afrique. « Le président Bouteflika est le champion au niveau du Nepad d'un mouvement qui a laissé des traces positives d'effacement des dettes à l'endroit de tous les pays africaine », a affirmé M. Medelci. S'agissant de la situation en Syrie, le chef de la diplomatie algérienne a réitéré l'appel de l'Algérie au dialogue et à une solution politique, rejetant toutes formes d'ingérence dans les affaires de ce pays.