Des élections générales, voulues transparentes et équitables, pour 2015 : les réformes promises par le président soudanais Omar El Béchir sont la réponse idoine aux multiples défis que doit relever le Soudan, au bord de l'explosion. Lors de la 8e session de l'Assemblée nationale, la main tendue aux différents protagonistes vise à désamorcer une crise politique majeure aggravée par le précédent du référendum unilatéralement proclamé par la tribu dissidente d'Abyei favorable à son rattachement au Sud-Soudan. La première pierre de l'édifice repose sur le socle du dialogue national, ouvert à toutes les forces politiques, pour engager un débat fructueux sur les amendements proposés par la commission électorale générale et promouvoir un consensus pour l'élaboration de la nouvelle Constitution. Car, il y a le feu qui menace de tout emporter dans la maison de la discorde soudanaise. « Les réformes et le changement sont un processus quotidien pour nous », a martelé le président soudanais qui œuvre à l'apaisement. Face à la grogne sociale et aux « réformateurs » qui agitent la carte de la dissidence, Omar El Béchir veut un dialogue tous azimuts pour calmer le front interne. La fracture au sein du parti au pouvoir (Parti du congrès national, NCP), clairement exprimée par la marginalisation des contestataires et la décision des « réformateurs » de créer un nouveau parti « portant les rêves et les espoirs du peuple soudanais », renseigne sur le malaise politique généré par la répression des manifestations populaires, le 23 septembre dernier, qui ont fait entre 60 et 70 morts, selon un bilan officiel. Des critiques sévères ont été adressées, dans une lettre cosignée par 31 « réformateurs », au gouvernement. Des recommandations portant notamment sur l'ouverture d'une enquête indépendante sur la mort des civils, tués par balle au cours des manifestations, ont été rejetées. A contrario, une commission d'enquête du NCP a conclu à l'exclusion de trois membres, Abdallah Ahmed Abdallah, Hassan Omar Riziq et le député et ancien conseiller à la Présidence, Ghazi Salahedine Atabani. En toute urgence, il s'agissait de mettre fin aux turbulences internes à travers l'instauration d'un « conseil de paix » pour se consacrer davantage au péril d'Abyei, la région contestée où se déroule, depuis dimanche, un référendum unilatéralement décrété par l'une des tribus, Dinka NGok, et unanimement dénoncé. Prêt au dialogue, le président soudanais a promis de travailler la main dans la main avec son homologique du Sud-Soudan, Salva Kiir, pour « trouver une solution pour Abyei qui puisse donner satisfaction aux communautés locales là-bas ». Un dialogue sur tous les fronts comme unique alternative à la crise dans toutes ses manifestations.