Une victime de Tiguentourine, déchiquetée, a été identifiée grâce à sa brosse à dents. L'officier supérieur s'exprimait en marge d'une rencontre scientifique organisée, jeudi dernier, par l'INCC sur « l'identification des victimes des catastrophes ». Les travaux ont été animés par le docteur Jean-Paul Beauthier, expert en médecine légale, mondialement connu dans le domaine de l'identification des victimes des catastrophes, notamment après les événements du Kosovo et le tsunami qui a frappé le Sud-Est asiatique. « L'objectif de cette conférence est le renforcement des contacts entre les acteurs concernés par l'identification des victimes de catastrophes, en vue de bénéficier des expériences étrangères en matière d'organisation du travail et de coordination, d'autant plus que notre pays est exposé aux diverses catastrophes naturelles, technologiques et criminelles », a souligné le directeur de l'INCC, le colonel Abdelhamid Messaoudi. Pour sa part, le chef de l'unité de la GN pour l'identification des victimes des catastrophes (UGNICV), le lieutenant-colonel Athmane Kachbi, a présenté les missions principales de cette unité mise en place le 30 avril 2012. Celles-ci consistent essentiellement à se rendre sur les lieux d'une catastrophe pour organiser les opérations d'identification avec les enquêteurs, magistrats et médecins légistes. Elle intervient dans le cadre du plan Orsec. Le responsable a précisé que l'UGNICV permet aux magistrats de disposer des éléments nécessaires à l'établissement formel de l'identité des personnes décédées lors des catastrophes. Attaque de Tiguentourine : comment les gendarmes ont identifié des victimes piégées L'officier supérieur est revenu sur l'expérience de Tiguentourine. « Les experts de la GN ont réussi l'identification de l'ensemble des victimes dans des délais très courts et de telle manière que l'opération a suscité l'admiration des responsables et experts étrangers », s'est-il félicité. Il a rappelé que 16 experts ont été dépêchés sur le lieu de l'attaque le 18 janvier, dont deux spécialistes en médecine légale, ondotologie, ADN et deux techniciens de scènes de crime. « Une autre équipe composée des experts en examen véhicule, incendie et explosion et gestion de scènes de crime s'est déplacée sur le site gazier. Les experts ont même effectué un travail à l'intérieur de la morgue d'El Alia », a-t-il précisé. Dans ce sillage, le directeur de la criminalistique de l'INCC, le colonel Bouramana, a fait savoir que les experts algériens de la GN ont réussi à identifier seuls toutes les victimes de l'attaque dont une totalement déchiquetée et identifiée grâce à sa brosse à dents après examen de sa dentition. « Des experts de la Norvège, de la Grande-Bretagne et du Japon ont procédé par la suite au même travail et sont arrivés aux mêmes résultats que nous », a-t-il révélé. Il est à signaler que des cadavres ont été soumis à l'identification alors qu'ils étaient piégés par des bombes et des ceintures explosives. Les enquêteurs ont dû faire appel aux artificiers. Certains terroristes abattus lors de cette attaque par les unités spéciales de l'ANP ont été identifiés. Interrogé sur la procédure d'identification des terroristes étrangers qui avaient participé à cette attaque, il expliquera qu'elle a « porté sur la comparaison des profils génétiques obtenus à partir des traces biologiques afin de déterminer un éventuel lien ». Enfin, l'expert belge a présenté son expérience dans l'identification des victimes de la guerre du Kosovo et de la Thaïlande. L'Algérie n'est pas à l'abri des catastrophes Les catastrophes constituent une véritable menace potentielle pouvant entraîner des pertes humaines et matérielles et déstabiliser des Etats, a prévenu le chef de l'UGNIVC, le lieutenant-colonel Kabchi. Et l'Algérie n'est pas à l'abri des catastrophes, qu'elles soient d'origine naturelle, technologique ou criminelle, d'où la création de cette unité spécialisée.