Du « concret dans la coopération », le credo du 3e sommet arabo-africain du Koweït a redonné des couleurs à la relation stratégique frappée désormais du sceau de l'intégration économique, politique et de la nécessaire coordination en matière de lutte antiterroriste. Dans la Déclaration de Koweït, il est donc question d'un mécanisme financier, conçu comme un levier pour redynamiser les projets inscrits pour la période 2011-2016 dans le précédent sommet, tenu en 2010, en Libye, et accélérer les flux d'investissement dans un continent qui enregistre un fort taux de croissance (5% en 2012 et 5,1% en 2014, selon le FMI) et recelant de grandes potentialités pétrolières (12% des réserves mondiales), aurifères (42%) et autres. Dans ce chapitre, le ton a été donné à l'ouverture du sommet par l'émir du Koweït, Cheikh El Sabah Ahmed Al Sabah, promettant l'octroi, d'ici à 2018, d'un prêt d'un milliard de dollars à des taux d'intérêt très bas aux pays africains. Mais il est davantage mis l'accent sur le renforcement de la coopération pour combattre le « terrorisme sous toutes ses formes » et la dénonciation du paiement de rançon qu'il s'agit de criminaliser. Un comité technique chargé d'examiner la question sensible de la migration, marquée par les décisions arabes de refoulement des travailleurs africains en situation irrégulière, a été mis en place à la faveur du « compromis » suscité par la partie algérienne qui a grandement œuvré au rapprochement des points de vue des pays concernés. Au Koweït, le challenge est lancé et véhicule, aux yeux du ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Madjid Bouguerra, « un témoignage réel » de la volonté de coopération et de la traditionnelle solidarité afro-arabe. « Les décisions prises lors de ce sommet, dira-t-il, sont un témoignage réel à la fois de la volonté des pays arabes de faire des gestes concrets à l'endroit de l'Afrique, mais aussi comme des points de repère qui pourront donner des perspectives réelles et concrètes à la coopération arabo-africaine ». Il estime, à cet effet, que « la particularité de ce sommet c'est d'avoir tiré les enseignements des deux précédents (sommets) qui n'ont pas apporté de valeur ajoutée à la coopération arabo-africaine ». Une « meilleure visibilité » de la communauté de destin concrétise la quête des créneaux porteurs pour stimuler l'investissement (augmentation de 50% du capital de la Banque arabe pour le développement économique en Afrique), la recherche (instauration d'un prix annuel d'un million de dollars) et, à l'initiative algérienne, le financement des projets communs à travers la dotation d'un mécanisme de soutien. Au Koweït, la remise sur les rails de la coopération arabo-africaine est une avancée majeure entre deux ensembles que tout réunit.