La Tunisie, qui se veut libre et unie contre le terrorisme, présente un front pour préserver et conforter les avancées démocratiques arrachées dans la douleur. La « Révolution du jasmin » soluble dans le terrorisme sévissant dans les montagnes de Chaâmbi, les localités de la déshérence et au cœur même de la société civile et politique... A Jendouba, portant fraîchement les stigmates de l'attaque lancée, dans la nuit de samedi à dimanche derniers, par un groupe armé (4 morts, dont 2 gendarmes), le peuple en résistance s'est dressé en rempart à la dérive monstrueuse des faiseurs de chaos et de la régression politique et civilisationnelle. Des centaines d'hommes et de femmes, participant aux funérailles des victimes, ont sonné le ralliement populaire à la lutte antiterroriste. « Nous sommes avec vous », ont scandé les manifestants en soutien aux forces de l'ordre, qui se disent prêtes au combat et revendiquent plus de moyens adaptés aux rigueurs des postes avancés. Présent aux obsèques de l'un des gendarmes assassinés par les nervis d'al Qaïda, le chef du gouvernement, Mehdi Jomaâ, traduit les certitudes de la Tunisie qui veut relever la tête et rompre définitivement avec les années de terreur. Le basculement, impulsé par le double assassinat des figures emblématiques de l'opposition, a imposé la fin des compromissions et remis sur les rails le processus de refondation démocratique dévoyé par l'impunité reconnue aux groupes terroristes multipliant les attaques meurtrières, dont la plus significative reste l'assaut dirigé contre l'ambassade américaine. Face « aux coups douloureux », M. Jomaâ a promis de remédier à ces manques (en moyens) « le plus tôt possible ». Mais la détermination prévaut dans ce combat décisif marqué, selon le ministre de l'Intérieur, par des « opérations réussies ». A quelques jours seulement de la mort d'un terroriste accusé du meurtre de Chokri Belaïd, l'annonce de l'arrestation d'un suspect, dans l'assassinat de Mohamed Brahmi, en fait foi. La Tunisie y croit et veut tourner la page noire du terrorisme. « Je vous assure, le moral des forces de sécurité est fort », a-t-il affirmé dans un bref point de presse retransmis par la télévision publique à l'issue d'une réunion du Conseil national de sécurité, à laquelle ont, notamment participé le président, Moncef Marzouki, et le ministre de l'Intérieur, Lotfi Ben Jeddou. La Tunisie, appelée à former « un seul rang », a résolument mis le cap sur les chantiers de la construction démocratique, de la relance et de la stabilité. Trois ans après la « Révolution du jasmin », elle s'est enfin dotée, le 26 janvier dernier, d'une nouvelle Constitution présentée comme un modèle pour les candidats du « printemps arabe », enlisés dans la violence cyclique et menacés de chaos généralisé en l'absence d'alternative crédible. La sortie de crise se consolide par la démarche consensuelle traduite par l'avènement du gouvernement technocratique de Mehdi Jomaâ, chargé de préparer les élections générales. Une transition démocratique réussie ? En visite à Tunis, le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, se dit « très impressionné par les pas que vous avez faits, par l'approche rationnelle, réfléchie de la transition ». Le satisfecit américain pour « la Constitution, qui est un grand pas » et les attentes du « processus électoral » fonde « le soutien continu des Etats-Unis au peuple et au gouvernement tunisiens », clairement affirmé au président Moncef Marzouki qu'il a rencontré, dès son arrivée, avant de s'entretenir avec le chef du gouvernement, Mehdi Jomaâ. En ligne de mire : le dialogue stratégique américano-tunisien.