Deux « mises au point », en l'espace d'une semaine, qui auront permis de tirer les choses au clair. Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, en sa qualité de ministre de la Défense nationale et chef suprême des forces armées, met fin aux spéculations sur la cohésion de l'Armée nationale populaire. D'abord à travers le message de condoléances adressé au chef d'état-major de l'ANP et aux familles des victimes du crash de l'avion Hercule C-130, et ensuite, hier, à l'occasion de la commémoration de la Journée nationale du chahid. Une idée-force est à retenir : nul n'a le droit de s'en prendre à l'ANP et aux autres institutions constitutionnelles, et que la cohésion règne au sein et entre les institutions de la République, que chacun est en devoir d'en assurer la stabilité. Le chef de l'Etat se pose en fédérateur, en sa qualité de Président de tous les Algériens. Une position que lui confère la loi fondamentale et que nul ne peut s'en approprier, sous quelque prétexte que ce soit. M. Bouteflika, qui conçoit que des dépassements « émanant de certains milieux » interviennent à l'approche de chaque échéance électorale, n'admet pas cet « acharnement » qui a pris de l'ampleur, « telle que notre pays n'a jamais connue depuis l'indépendance allant jusqu'à tenter de porter atteinte à l'unité de l'Armée nationale populaire ainsi qu'à la stabilité du pays et à son image dans le concert des nations ». A ceux qui veulent opérer une « fissure » au sein de l'institution militaire, le chef de l'Etat a été on ne peut plus ferme : « le Département du renseignement et de la sécurité, en tant que partie intégrante de l'Armée nationale populaire, doit continuer à exécuter ses missions et attributions ».Ce n'est pas tout, puisque le président de la République a tenu à rappeler que non seulement « nul n'est en droit d'attenter aux fondements de l'édifice républicain ni aux acquis », mais surtout « nul n'est en droit de régler ses comptes personnels avec les autres au détriment des intérêts suprêmes de la nation tant à l'intérieur qu'à l'extérieur », précisant que « l'heure n'est plus à l'insulte et aux invectives », appelant à la nécessité de « se concentrer sur ce qu'il y a de mieux pour notre nation ». La réaction du premier magistrat du pays a été confortée par le chef d'état-major de l'ANP, le général-major Ahmed Gaïd Salah, qui, mettant à profit sa rencontre avec la secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, a, tout en rappelant le message de M. Bouteflika « qui a fustigé les tentatives d'atteinte à l'unité de l'Armée nationale populaire et ordonné de ne pas l'impliquer dans la présidentielle », affirmé, selon le communiqué du PT, que « l'institution militaire ne s'immisce pas dans la vie politique ». Comme il a tenu à souligner « le caractère républicain et populaire » de l'Armée et ses liens historiques l'unissant à la nation, « l'ANP étant la digne héritière de l'Armée de libération nationale (ALN) ». Les mises au point du chef de l'Etat viennent donc couper l'herbe sous les pieds de ceux qui ont l'habitude de nager en eaux troubles et qui ont fini par déchanter.