Photo : Slimene S. A. Poursuivant son programme d'activités « spécial Ramadhan », le FLN a organisé, dans la soirée de lundi, une conférence-débat portant, cette fois, sur le thème «la problématique de l'agriculture en Algérie». Conférence animée par le Pr Khalfi Ali, de l'université d'Alger, en présence du SG du FLN, Abdelaziz Belkhadem, et Rachid Benaïssa, ministre de l'Agriculture et du Développement rural. Un tableau peu reluisant relatif aux réalisations du secteur de l'agriculture depuis l'indépendance, a été dressé par le professeur Khalfi, spécialiste dans le domaine. D'emblée, le conférencier, qui retrace les différentes politiques suivies jusqu'ici en termes de développement du secteur, constate que l'«ensemble de ces politiques n'ont pas réalisé leurs objectifs escomptés». Il cite pour expliquer son constat l'absence actuelle de la sécurité alimentaire au pays, manque de stratégie «à long terme» et, d'une manière générale, dit-il, absence de géographie économique. A cela s'ajoute, poursuit le professeur, le manque d'espaces agricoles et la non exploitation «rationnelle» des espaces existants. Pour lui, la wilaya d'Alger, «compte tenu des constructions anarchiques», perd chaque année environ 2 hectares. «L'augmentation de la population en Algérie n'est pas accompagnée d'augmentation de production, ce qui laisse croire que la problématique de la sécurité alimentaire se posera avec acuité chez-nous dans les années à venir», estime-t-il. Dans le même chapitre de production, il fera observer qu'à l'exception de quelques produits, la production locale n'a pas atteint l'autosatisfaction, citant, à titre d'exemple, les produits du blé et du riz, importés en grandes quantités chaque année. «Il est nécessaire de prendre pour références les expériences des autres pays ayant connu les mêmes problèmes que nous. Des pays asiatiques ont encouragé, par exemple, la production du riz et empêché son importation», indique l'orateur ajoutant que «la production de blé en Algérie reste instable d'où le recours à son importation des petits pays telle la Syrie». En ce sens, il fera savoir que parmi les 7,5 milliards de dollars déboursés chaque année pour l'importation des produits agricoles, 3,5 milliards de dollars sont réservés à l'importation du seul produit du blé. Et de dire : «Nous devons mieux comprendre notre réalité pour démarrer sur de bonnes bases». En somme, pour les besoins d'une politique adéquate et un développement durable de l'agriculture, ce spécialiste indique que cela nécessite un investissement de 40 milliards de dollars. Il cite dans la foulée l'expérience des pays de l'Europe de l'Est ayant investi 16 milliards dans l'agriculture et «les fruits sont bien là». Intervenant au débat de cette rencontre, le SG du FLN indique que la priorité doit être donnée à la «gestion» pour mettre l'agriculture sur les rails. Contrairement à l'exposé noir» du professeur, M. Belkhadem estime que la situation du secteur n'est pas aussi dramatique, soulignant que la production locale de blé est évaluée, cette année, à 52 millions quintaux et que le même produit pourrait atteindre, ajoute-t-il, 60 millions. «On doit valoriser ce qui a été réalisé et réviser ce qui est à réviser». Au sujet de la dépendance alimentaire, M. Belkhadem, qui insiste sur la promotion de la production agricole locale, indique que celle-ci permettra de réduire la facture de l'importation. Pour sa part, le ministre de l'Agriculture a soutenu que la sécurité alimentaire fait appel nécessairement à une prise de conscience «collective» et «objective». Parlant de son secteur, il dira qu'il est en plein essor et enregistre des taux de croissance constants : 2,5% en 1980, 6% en 2006 et 8,3% en 2008. Cependant, le ministre indique que le développement de l'agriculture est tributaire du développement rural.