Les fosses communes découvertes à Amgala, dans les territoires libérés du Sahara occidental, ont fait l'objet d'un documentaire de 52 minutes réalisé par le journaliste Amar Bendjeda. La projection, hier, au siège de l'ENTV, en avant-première pour les journalistes, en présence du réalisateur et du président de la commission de solidarité avec le peuple sahraoui, Lamari Mahrez, a levé le voile sur l'étendue de la violence subie par un peuple qui n'aspire qu'à vivre dans la paix. « Trône sur les crânes...le peuple sahraoui aux enchères » de notre confrère de l'ENTV, relève du journalisme d'investigation. Il pointe du doigt les autorités marocaines qui ne lésinent pas sur le mensonge pour tromper leur peuple et les ONG qui militent pour les droits de l'Homme. Amar Bendjeda a battu en brèche les assertions des autorités marocaines quant au respect des conventions internationales relatives aux droits de l'Homme et la liberté des peuples. Amar Bendjeda a baladé sa caméra pour recueillir les témoignages des familles des disparus suite à la découverte d'une fosse commune en février 2013. « Après le cessez-le-feu proclamé en 1991, les droits de l'Homme bafoués et violés par les autorités marocaines a été l'angle d'attaque choisi pour montrer l'ampleur des violations commises par les Marocains à l'endroit des Sahraouis. Certains de simples bédouins ne comprenaient pas cette guerre qui n'a aucun sens pour eux », explique le réalisateur. Et d'ajouter : « Les militaires marocains ont tué des chamelles pleines sans aucune explication aux propriétaires juste pour exécuter les ordres du monarque. » C'est à la fin de février 2013 qu'un berger, Abderahmane Abaïd Bey, a découvert, à Amgala, des restes humains éparpillés sur le sable. Amar Bendjeda a voulu aussitôt enregistrer les témoignages des familles et des médecins légistes espagnols d'origine basque. Ces derniers se sont déplacés à Amgala pour prélever des échantillons et comparer l'ADN avec celle des membres des familles des disparus. Après les différents tests effectués dans le laboratoire d'anthropologie et de génétique en Espagne, l'équipe de Francesco Etchéberia, médecin légiste, a réuni les preuves. L'acte d'accusation fut dressé. Tout concorde avec les preuves allant de la date de disparition, des cartes d'identité trouvées sur le sable, les chapelets jusqu'aux habits portés le jour de la disparition. Ainsi, huit cadavres, dont deux enfants mineurs, ont été dénombrés. Après les vérifications d'usage, les ossements ont été remis aux familles et furent enterrés selon le rite musulman. Une autre équipe médicale espagnole a commencé une enquête sur 89 ossements exhumés dans les territoires libérés. Selon Amar Bendjeda, « la liste des disparus est encore longue et les fosses communes ne se comptent plus ». Les autorités marocaines continuent de nier les disparitions forcées des Sahraouis. Toutefois, une liste établie en 2011 par l'Association des familles de détenus et de disparus sahraouis fait état de 526 civils disparus dont des enfants. Signalons que ce film-documentaire sera diffusé, demain, après le JT de 20h.