Des fonctionnaires en poste au gouvernorat ont été « pris en otages » par les groupes armés, qui « en ont froidement assassiné plusieurs. Je vous fais le serment que ces crimes odieux ne resteront pas impunis. Ils sont qualifiables de crimes contre l'humanité. Les auteurs de ces prises d'otages et exécutions sommaires seront poursuivis devant les juridictions nationales et internationales » déclare le président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) dans un discours qu'il a prononcé, lundi dernier, sur le conflit qui oppose l'armée malienne au Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) à Kidal dans le nord-est du pays, une région qui échappe au contrôle de Bamako malgré la présence de soldats maliens, français et onusiens. Pour IBK, ce « mouvement », qui a accueilli, samedi dernier, le Premier ministre et la délégation qui l'accompagnait par « des balles et des tirs à l'arme lourde », a violé le cessez-le-feu et par ricochet les accords signés à Ouagadougou. Pis, il accuse le MNLA de « connivence » avec les groupes terroristes qui activent dans le nord malien avec les narcotrafiquants, malgré la présence des troupes françaises et la Minusma. « Il n'est plus permis de douter de la collusion entre les mouvements armés sévissant dans le septentrion malien et le terrorisme international. Samedi dernier, les fanions d'al-Qaïda au Maghreb islamique et d'Ansar Dine ainsi que le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest flottaient sur les véhicules des agresseurs, à côté de ceux du MNLA », dit-il. « Plus jamais une délégation de l'Etat ne sera prise à partie à Kidal », promet IBK, car « les forces maliennes exerceront leurs missions régaliennes comme prévu sur l'ensemble du territoire ». Dans la foulée, IBK n'a pas épargné la communauté internationale. « Si le MNLA et ses coalisés qui ont déclaré la guerre à l'Etat du Mali ont eu toute latitude de semer le trouble sur le terrain, c'est parce que les forces internationales présentes au Mali manquent d'efficacité dans leurs interventions », dit-il tout en exhortant les « assaillants », qui ont procédé samedi dernier à des prises d'otages et des exécutions sommaires de 36 citoyens dont 2 préfets et 4 sous-préfets, de renoncer aux attaques et de revenir à la table du dialogue car, explique-t-il, « le salut passe impérativement par là ». « Le Mali ne perdra jamais de vue le respect de ses engagements », priant les « autres parties prenantes au processus à honorer également leurs promesses. Une déclaration moins catégorique que celle de son Premier ministre Moussa Mara qui a déclaré dimanche dernier que « le Mali est en guerre » avant d'annoncer l'envoi de 1500 soldats en renforts aux 400 maliens déployés déjà Kidal aux côtés des 40 soldats français et des 7 ;000 sur les 12.000 soldats promis de la Minusma qui ont officiellement en charge la protection de cette ville. Le MNLA, qui a libéré, lundi dernier, les 32 fonctionnaires qu'il a pris en otages en « signe de bonne volonté », réfute toutes ces accusations. Il affirme qu'il a réagi à une attaque de ses positions. Jean-Yves Le Drian le ministre français de la Défense, qui s'apprête à annoncer les plans de redéploiement de ses troupes au Sahel pour « contenir » les groupes liés à al-Qaïda, a décidé lundi dernier de reporter sine die la visite qu'il devait effectuer ces jours-ci à Bamako et à N'Djamena.