Et pour cause, la concurrence déloyale que leur faisaient subir les vendeurs à la sauvette les obligeant à diminuer sensiblement leur marge bénéficiaire, semble un mauvais souvenir. Les agents de l'ordre et les vendeurs à la sauvette s'adonnent au jeu du chat et de la souris à longueur de journée. Tentant de se réinstaller sous les arcades, les vendeurs sont sommés de plier bagages. Au moindre geste, ils sont de suite renvoyés par les hommes à l'uniforme bleu. Certains, déterminés, ne veulent pas baisser les bras. Ils s'arrangent par tous les moyens pour squatter un immeuble ou une ruelle transversale pour exposer leurs marchandises. A la rue de la Lyre, leurs tentatives sont devenues vaines. L'artère en effet est devenue un véritable boulevard où les piétons peuvent désormais circuler en toute liberté sans pour autant se faire bousculer. Une situation très appréciée par les propriétaires des magasins existants. Pour Mohamed, propriétaire d'un magasin spécialisé dans la vente de sacs à mains, depuis que les vendeurs à la sauvette ont été chassés, sa boutique se voit désormais de loin. «C'est une bouffée d'oxygène», dira t-il. Et d'ajouter : «Les vendeurs nous faisaient de l'ombre». Même constat chez Abderrahmene. Spécialisé dans la vente de tissus pour la confection de robes de soirées, cet algérois n'hésite pas à lancer un long soupir. «Il était temps que ces vendeurs décampent pour nous laisser travailler», lance-t-il. Selon lui, certains d'entre eux sont devenus très audacieux. «Il m'est arrivé plus d'une fois de trouver un vendeur qui me bloquait carrément l'entrée de mon propre magasin avec sa marchandise», se rappelle-t-il. «Maintenant, j'exerce tranquillement et je veille à récupérer ma clientèle disparue à cause de la foule qui caractérisait cet endroit», espère-t-il. Même espoir exprimé par Mourad, vendeur de parure de draps. Lui a failli déclarer faillite. «J'ai dû baisser rideau durant trois mois», dit-il. A la rue de Chartres, autre haut lieu du marché informel, l'ambiance d'antan a laissé place à la quiétude. Depuis l'interdiction des étals et autres tables, le flux des chalands a drastiquement diminué. Seul inconvénient, les clients semblent avoir du mal à dépasser le seuil des commerces, habitués qu'ils étaient aux prix abordables des vendeurs à la sauvette. Une halte chez un vendeur de rideaux d'intérieur renseigne sur les prix affichés. Proposés à 280 DA le mètre il y a moins d'un mois, le prix des rideaux pour chambre d'enfants est désormais fixé à 450 DA le mètre. Sur cette sensible augmentation, le propriétaire assure que c'est le prix initial. «Avant, je soldais ma marchandise à cause de la concurrence déloyale», précise-t-il. Dans ce quartier du vieil Alger, seules les ruelles spécialisées dans la vente de vêtements et d'accessoires pour mariées «Znek Laârayess» restent très fréquentées, particulièrement par les femmes. Quant aux propriétaires des magasins, ils essaient de remonter la pente en attendant que les clients renouent avec le marché …formel.