Sur les cendres de l'Etat national irakien, voué au démembrement, la fin de mission décrétée par Obama se justifie par l'échec intégral de Bush. La dérive impériale sanglante, participant à la résurrection du terrorisme légitimée, est autant le fait de la guerre civile, soufflée par les antagonismes communautaires et confessionnels, que du désastre socio-économique d'une population privée des conditions de vie les plus élémentaires. Le «nouvel Irak» est aujourd'hui plombé par une crise politique aiguë qui est l'expression finale de la vanité du grand Moyen-Orient censé parachever la «mission civilisationnelle» et promouvoir la démocratisation des pays de la région. Mais, tout le paradoxe de l'ordre impérial réside dans la persistance de la violence insurrectionnelle, léguée aux irakiens, et l'effritement de l'ordre interne en déficit de légitimité et de représentativité. Après 8 mois de vacance institutionnelle, le bras de fer entre le vainqueur El Allaoui et le Premier ministre sortant, El Maliki, est l'expression de la crise politique qui renseigne sur l'absence de consensus interne et le refus de l'alternance. En raison du blocage politique, la normalisation constitutionnelle reste le recours ultime pour éviter l'état de paralysie complète. Ainsi, en réponse, la demande de la société civile, la saisine de la cour suprême a permis de remettre sur rail l'Etat déliquescent. Selon son porte-parole, Abdel Sattar Bereqdar, «la Cour suprême, dans une décision prise aujourd'hui, enjoint le Parlement de tenir des réunions régulières et d'accomplir son travail normal. Il doit commencer par choisir son président et ses deux adjoints, puis procéder, étape par étape, aux autres nominations». Cette démarche vise à régler la question litigieuse du «délai constitutionnel», soit un mois après la proclamation des résultats électoraux, et à permettre la désignation légale du président et du Premier ministre. L'équation démocratique sera-t-elle pour autant sauve ? La crise de légitimité est l'autre handicap sérieux du «nouvel Irak» rattrapé par les horreurs de la sale guerre. El Maliki croule sous le poids des graves accusations. Le site Wikeleaks, dans ses nouvelles révélations, a fait état de centaines de cas de torture, de violence et même de meurtres commis sur des prisonniers irakiens par des policiers et des militaires dont il est le commandant en chef. La bombe, lâchée en pleine crise politique, risque de laisser des séquelles d'autant plus importantes que le dossier noir des «escadrons de la mort» chargés de la sale besogne, en pleine guerre confessionnelle, pèse lourdement sur le bilan d'El Maliki fragilisé et criant au complot. «Il s'agit d'une campagne médiatique contre l'Etat mené par plusieurs groupes, comme les baâsistes, des forces régionales et certains qui ont été lésés par la nouvelle donne», tente d'expliquer le député Hassan El Sinaïd, présenté comme proche d'El Maliki. Quel avenir pour l'Irak victime de la sale guerre d'occupation impériale et de la guerre confessionnelle et communautaire tout aussi illégitime?