Après avoir été les premiers au front de la guerre menée par l'Otan contre l'ancien régime de Mouammar El-Gueddafi, les Français semblent être, une nouvelle fois, sur le pied de guerre pour « combattre le terrorisme djihadiste » qui déchire ce pays en proie à une guerre civile. Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a appelé, mercredi soir, au cours d'une visite aux troupes militaires françaises stationnées dans la capitale tchadienne, N'djamena, la communauté internationale à se « mobiliser pour empêcher le développement d'un sanctuaire djihadiste en Libye qui déstabiliserait toute la région et menacerait l'Europe ». « Ce serait une erreur profonde pour la communauté internationale de rester passive face au développement d'un tel foyer de terrorisme au cœur de la Méditerranée. Il ne faut pas l'accepter », a-t-il insisté. Néanmoins, la harangue sécuritaire du patron de l'armée française s'est quelque peu atténuée devant l'urgence d'une solution politique au conflit, une position soutenue par le président français, François Hollande. « L'ensemble des acteurs doit se mobiliser. La solution doit autant que possible être trouvée par les Libyens eux-mêmes dans un cadre politique », a esquissé le ministre, histoire de ne pas perturber la mission de l'ONU en Libye (Unsmil) qui cherche à réunir les protagonistes de la crise libyenne le 5 janvier. Au lendemain de son déplacement au Tchad, le ministre français s'est rendu, lors d'une autre visite surprise, sur une autre base de l'armée française installée dans l'extrême nord du Niger, à Madama, où il a insisté sur la nécessité de trouver une solution politique. « Il faudra d'abord une feuille de route globale sur la Libye. On ne pourra pas traiter le Sud libyen avant », a-t-il insisté. Mais le souci d'un règlement politique, quand bien même peut-il être réitéré par le responsable français, cadre mal avec d'autres déclarations aux relents plus ou moins belliqueux. A N'djamena, il a lancé un appel à la communauté internationale et aux voisins de la Libye qui doivent, selon lui, « se tenir aux côtés des Libyens pour retrouver le chemin de la stabilité » tout en soulignant que « la France y prendra évidemment toute sa part ». Une déclaration qui laisse la porte ouverte à tous les scénarios. Des pays de la région, alliés à Paris, dont le Tchad, le Mali et le Niger, ont appelé récemment depuis Nouakchott à une intervention militaire internationale sans délai en Libye pour stopper toute propagation vers le Sud.