« La création d'un institut national de veille sanitaire est vitale pour l'Algérie », a déclaré le Pr Abdelouahab Bengounia, chef du service épidémiologie et médecine préventive au CHU Mustapha-Pacha, lors d'une conférence-débat organisée, hier, au forum d'El Moudjahid. Il a rappelé que cette structure de prévention existe sur papier depuis 2012. Le gouvernement a donné son feu vert et consacré les moyens financiers pour sa mise en place. « Si cet institut avait été créé, la polémique sur l'exploitation du gaz de schiste n'aurait pas eu lieu, car cette institution, de par sa composante scientifique mais aussi religieuse, aurait présenté un rapport au gouvernement et à la population pour mettre fin à toute ambiguïté », estime le Pr Bengounia, regrettant qu'à cause de ce laisser-aller, l'Algérie est classée 97e après la Libye et la Tunisie en matière de système de santé préventif. Le professeur a, en outre, évoqué l'absence d'une stratégie de prévention sanitaire en Algérie, rappelant les 700.000 doses de Tamiflu importées en 2012 puis jetées. « Il faut que l'Etat renonce à cette politique qui éponge les dettes des entreprises ou des APC car elle incite les gestionnaires à plus de gabegie », soutient-il. Car, selon lui, cet institut a pour mission d'effectuer la surveillance et l'observation permanentes de l'état de santé de la population, en s'appuyant notamment sur les correspondants publics et privés, de participer, analyser et actualiser les connaissances sur les risques sanitaires, leurs causes et leur évolution. Le rôle de l'institut est de détecter tout événement susceptible de modifier ou d'altérer l'état de santé de la population comme les maladies transmissibles (Ebola, grippe...) et non transmissibles, les catastrophes naturelles (séisme, inondations...) ou liées à la modernité (accidents, bouleversements climatiques).