Grande pagaille, hier, dans le hall de l'aéroport international d'Alger. De longues files d'attente devant les guichets d'enregistrement alors que les passerelles (les satellites), les tapis à bagages, les écrans d'affichage et les bus étaient à l'arrêt. Motif : le mouvement de protestation des travailleurs de la Société de gestion des services et infrastructures aéroportuaires (SGSIA), entamé depuis dimanche. Il était 10 h 23 quand une centaine de travailleurs se sont rassemblés dans l'enceinte de l'aéroport pour affirmer le maintien de leur grève et revendiquer le départ du PDG Tahar Allache. Des protestataires ont, en outre, décidé de bloquer les tapis à bagages. « On assure le service minimum », a précisé un délégué des grévistes. Des cadres : « On veut travailler dans la dignité » Les grévistes se sont démarqués du syndicat de la société qui travaille, selon eux, pour l'intérêt de l'administration. « Nous demandons au secrétaire de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd d'intervenir pour dissoudre l'union locale qui travaille contre les intérêts des travailleurs », ont déclaré les délégués des grévistes. Ces derniers demandent, entre autres, « le départ immédiat » du PDG de l'entreprise Tahar Allache à qui ils reprochent une mauvaise gestion, l'injustice, le recrutement anarchique et la dégradation abusive de plusieurs cadres. « Je suis un caissier principal depuis 2003, tout le monde témoigne de ma compétence et de mon professionnalisme. Mon dossier professionnel est propre mais le PDG a décidé de m'écarter de mon poste parce que j'ai osé revendiquer mon droit de reclassement. Il m'a dégradé au poste d'agent de maîtrise, soit le statut d'un débutant », a afirmé le caissier. De même pour A. A. qui a bouclé 36 ans de service au sein de cette entreprise. « Je suis un cadre d'Etat, je suis aussi le fondateur de plusieurs services au sein de cette entreprise et formateur également mais j'étais surpris d'être reclassé comme agent de maîtrise », a-t-il déploré. De leur côté, les travailleurs au service nettoyage disent « en avoir ras-le bol » de leur situation. « On n'a pas de douche au sein de cette entreprise et on ne bénéficie d'aucune prise en charge. C'est la compagnie Air Algérie qui a payé les frais de mes deux interventions chirurgicales et je suis toujours classé E5 (exécutant) après 34 ans de service », a signalé un agent de nettoyage. Le collectif des travailleurs exige également la réintégration de 12 travailleurs licenciés « abusivement ». Les protestataires ont exigé la venue de l'inspection générale des finances (IGF) « pour relever les dépassements notamment dans le recrutement ». Néanmoins, des travailleurs rencontrés sur place ont affirmé ne pas être « concernés » par la revendication relative au départ du PDG. « Des cadres veulent son départ pour son comportement incorrect à leur égard mais pour nous la priorité est l'amélioration des conditions socioprofessionnelles », a précisé un agent du service emballage.